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Innovations Days : 16 recommandations pour favoriser l’innovation en santé

par Rémy Teston

Le think tank éphémère “INNOVATIONS DAYS” a dévoilé 16 recommandations d’actions pour une politique volontariste de l’innovation en santé en France. Découverte.

Initié par Amgen Innovations, Biolabs, la Fondation Université de Paris, Roland Berger et Unicancer, le think tank « Innovations Days » s’est constitué pour contribuer à l’émergence de solutions partagées, porteuses de valeur et de sens pour les patients et les professionnels de santé.

A travers ce think tank éphémère, ces acteurs ont contribué dans un temps restreint à un nouvel exercice de débat citoyen. Avec la collaboration de 100 représentants de tout l’écosystème de santé – chercheurs, soignants, patients, industriels, startupers et décideurs – 16 recommandations ont été émises à l’issue d’un travail collaboratif et digital.

Un constat sur l’innovation en France

Aujourd’hui, il existe une réelle ambition en France autour de l’innovation en santé, notamment affirmée au lancement du 9e Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) le 11 février dernier : « Faire de la France la 1ère nation européenne innovante et souveraine en santé ».

De nombreux observateurs avisés font le constat que la France a tout pour réussir la révolution de la santé. Elle regorge d’entreprises de biotech et de medtech, capables de développer des solutions innovantes améliorant les pratiques de soins et la qualité de vie des patients. Notre système de santé, solidaire, est à la tête de deux des plus grandes bases de données au monde. Notre recherche scientifique, technologique et médicale assure à la France une réputation d’excellence.

Pourtant, dans un monde d’innovation « ouverte », la France peine à transformer ces atouts en réussites. A titre d’exemple, les crédits publics en R&D pour la santé ont diminué de 28 % entre 2011 et 2018, alors qu’ils augmentaient de 11 % en Allemagne et de 16 % au Royaume-Uni sur la même période (1). La filière healthtech européenne et française, quoique dynamique, peine à combler son retard sur les États-Unis en matière de financement.

La pandémie de Covid-19 agit comme un révélateur de faiblesses depuis longtemps connues, pouvant expliquer pourquoi la recherche française n’a pas su découvrir les premiers vaccins : financements en baisse, structures de recherche inadaptées, éparpillement des moyens, manque de coopération public-privé…

Co-construire une nouvelle dynamique pour l’innovation

La crise sanitaire démontre également la capacité du monde de la santé, dans l’urgence, à mobiliser les énergies et lever les blocages, comme il l’a fait pour accélérer le déploiement de la e-santé. Les idées abondent pour stimuler, accueillir et développer l’innovation, qu’elle soit thérapeutique, technologique ou organisationnelle.

Les Innovations Days ont justement été conçus comme un catalyseur, afin de co-construire une nouvelle dynamique pour l’innovation. Une centaine de participants ont émis 135 idées lors d’un parcours digital individuel d’idéation. De là, 64 propositions ont été élaborées en web-ateliers multidisciplinaires (représentants de patients, de la recherche, de l’entreprise, des institutions…), ramenées à 32 puis à 16 au terme d’échanges itératifs. Quatre champs thématiques guidaient la démarche, pour faire de la France une terre de champions, faciliter le changement d’échelle pour mieux déployer les succès, favoriser l’usage optimal et responsable des data « humaines », enfin préparer l’avenir du soin en impliquant les soignants et les patients.

Les recommandations émises s’accompagnent de propositions d’actions concrètes, et dessinent une trajectoire pour une innovation qui ne soit plus un parcours du combattant pour celui ou celle qui la développe, qui soit soutenable et profitable au système de santé et qui réponde vraiment aux besoins des professionnels de santé et des patients.

Principaux leviers identifiés :

  • Une gouvernance nationale proactive et incitative, incluant une représentation de la démocratie sanitaire et de tous les acteurs de santé publics et privés du domaine de la recherche, du soin et de l’entreprise.
  • Une organisation plus intégrée de l’écosystème, car l’existence d’organismes dispersés et fonctionnant en silos nuit à la dynamique d’innovation ; cela crée une complexité favorisant des lenteurs et des lourdeurs bureaucratiques, alors qu’il y a nécessité de réduire et cadrer les délais administratifs.
  • Une évaluation des innovations repensée à l’aune des bénéfices qu’elles apportent simultanément aux patients, aux soignants, au système de soins et aux investisseurs.
  • Un écosystème de financement mobilisant la commande publique et le capital-risque, pour ouvrir aux innovateurs des débouchés préférentiels en Europe et soutenir leur développement par les moyens adéquats, dont des fonds spécialisés en santé et pourquoi pas un Nasdaq européen.
  • Une information claire des usagers sur les data, leurs bénéfices individuels et collectifs, et le besoin de les rendre interopérables et utilisables par ceux qui peuvent les transformer en bénéfices de santé.
  • L’implication des usagers tout au long du processus d’innovation, de la conception, jusqu’à l’évaluation et la diffusion, afin d’assurer l’intérêt des projets et leur bonne réception.

 

Les 16 recommandations du think tank Innovations Days

Le think tank Innovations Days a permis d’identifier sur 4 grands thèmes les points d’achoppement et les dissonances entre les attentes des patients, des professionnels de santé et de tous les autres acteurs de l’écosystème de l’innovation en santé. 16 recommandations ont été émises à l’issue des échanges et débats.

TERRE DE CHAMPIONS

Alors qu’elle s’enorgueillit de près de 2 000 startups spécialisées et que l’expertise de ses chercheurs, ingénieurs et dirigeants est reconnue à l’échelle mondiale, la France ne fait pas figure de pôle d’attractivité dans l’innovation en santé. En cause : les difficultés pour accéder au marché national et la complexité à passer à l’international.

  1. Faciliter l’accueil des innovations par le système de santé et ses acteurs, en les incitant à réaliser les évolutions organisationnelles qu’elles induisent
  2. Promouvoir la revue des innovations de rupture par les instances régulatrices dans une logique ‘d’engagement’ encourageant les entreprises à innover
  3. Encourager l’accès à un réseau d’experts multidisciplinaire et les approches transdisciplinaires non conventionnelles pour accompagner les innovateurs dans le dimensionnement et le déploiement de leur projet
  4. Accompagner les innovateurs pour un développement et un déploiement au niveau européen

CHANGEMENT D’ÉCHELLE

L’innovation en santé a vocation à croître, se diffuser et prospérer, pour profiter au plus grand nombre. C’est une question d’éthique. Toutefois, le système français a des difficultés à sélectionner et faciliter le changement d’échelle des projets les plus prometteurs.

  1. Promouvoir le dialogue entre patients, usagers et professionnels de santé et du médico-social pour s’assurer de l’adéquation d’une innovation à un besoin spécifique
  2. Réduire et cadrer les délais administratifs de validation et de financement des innovations à déployer
  3. Anticiper les enjeux d’industrialisation des innovations (produits, services, parcours, organisations…) et l’adaptation des ressources (financements et ressources humaines) dès la conception des projets
  4. Encourager une logique globale de consolidation des entreprises françaises, très en amont d’une industrialisation et/ou commercialisation (fusion/acquisition)

DATA « HUMAINES »

La richesse et la diversité des données de santé constituent un formidable réservoir d’information pour le développement de solutions innovantes. Cette opportunité se heurte à deux obstacles en France : le manque d’interopérabilité des systèmes et la méconnaissance et la défiance des usagers face à la mise à disposition de leurs data.

  1. Déployer des standards existants incitant fortement l’interopérabilité entre les sources des données de vie réelle
  2. Informer et former les usagers au bénéfice collectif et individuel du partage des données de santé dans un espace sécurisé tout en les encourageant à en élargir l’usage
  3. Accélérer les projets de recherche en fédérant les bases de données de vie réelle à l’échelle européenne et industrielle sur des thématiques spécifiques
  4. Renforcer l’usage et l’utilité des données de santé en alignant et précisant au mieux les objectifs des parties impliquées (soins, recherche, innovation)

AVENIR DU SOIN

Pour s’imposer, une innovation doit répondre à un besoin réel et être adaptée aux pratiques de ses utilisateurs. Or, ces préalables ne sont pas toujours réunis… Résultat, l’appropriation de l’innovation se heurte à une inadaptation entre les solutions imaginées par les entrepreneurs et les réalités du terrain.

  1. Promouvoir auprès de chaque citoyen (patient/aidant/soignant), la pédagogie de l’innovation pour lui permettre d’en comprendre les bénéfices et points de vigilance dans ses interactions avec les acteurs du système de santé
  2. Amplifier la politique de soutien à l’innovation en santé par la mise en place d’une gouvernance nationale encourageant les structures de soins publiques et privées. Assurer la représentation de la démocratie sanitaire dans toutes les instances
  3. Instaurer des groupes d’expertises croisées soignants/patients s’assurant – de la conception à l’évaluation – que l’innovation répond à un vrai besoin partagé et aux usages, à commencer par son efficience dans le parcours de santé
  4. Encourager les professionnels de santé, après formation, par une incitation financière et l’allègement administratif, à l’adoption rapide des technologies ayant fait la preuve de leur intérêt pour une prise en charge de qualité

Ces 16 recommandations ont été débattues lors de tables-rondes, réalisées et diffusées sur la chaîne BSmart, avec les parties prenantes du think tank et des experts venues de différents horizons.

Regardez ces différentes table-rondes :

Post réalisé en partenariat avec le laboratoire Amgen

(1) Note du Conseil d’analyse économique, janvier 2021

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