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Nouvelle étude sur l’accessibilité des applications de e-santé

par Rémy Teston

Access First, acteur majeur sur le marché de l’accessibilité numérique, s’est intéressé aux principales applications mobiles de e-santé et dévoile une nouvelle étude. Découverte.

Pour cette étude, Access First s’est intéressé aux principales applications du marché : Ameli, Doctolib, Hellocare, Livi, Maiia, Medadom, Médecindirect, Mon Espace Santé, Qare et Qalyo).  Quatre critères essentiels à l’accessibilité de ces plateformes ont été analysés : la présence d’informations sur l’accessibilité mobile, l’utilisabilité au clavier, l’utilisabilité au lecteur d’écran, et la prise en charge des agrandissements de caractères et de la gestion des contrastes.

Verdict : une accessibilité à revoir pour les acteurs e-santé

Bilan  des quatre critères d’analyse :

Présence d’une section d’aide/accessibilité  : Aucune des 10 applications de e-santé étudiées ne dispose d’information utilisable sur son accessibilité

Access First a dans un premier temps analysé la présence d’une section d’aide/accessibilité sur les applications mobiles. Cette section accessibilité doit permettre de connaître les dispositions prises pour rendre l’application accessible, les éventuels manquements, indiquer les voies de recours et un canal d’échanges dédié à l’accessibilité.

En France, selon la réglementation, elle est obligatoire pour les services en ligne des grandes entreprises (réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros par an), dont les applications mobiles, depuis juin 2021. Une fonctionnalité d’aide, ou un moyen de contact dédié, peut également être utile aux personnes en situation de handicap qui ont besoin de renseignements, ou d’assistance en lien avec un problème d’accessibilité.

Ainsi, parmi les 10 applications de e-santé étudiées, aucune n’a de page d’aide ou d’information sur son accessibilité, ni de moyen de contact dédié et utilisable par une personne en situation de handicap. Seules 2 applications (Ameli et Mon Espace Santé) font référence à une page d’accessibilité, qui ne correspond pas à l’application en tant que telle mais au site web associé. Ces manquements caractérisent généralement une absence totale de prise en compte du sujet de l’accessibilité.

Utilisabilité au clavier : une seule application de e-santé (Médecindirect) peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités les plus essentielles sur iOS et Android.

Access First s’est ensuite intéressé à l’utilisabilité au clavier. En effet, certains handicaps physiques, visuels, et cognitifs, rendent l’utilisation des dispositifs tactiles difficiles, voire impossibles. Le clavier est alors un moyen utilisable pour contourner cette limitation. De plus, les applications fonctionnant au clavier sont généralement également utilisables via des dispositifs alternatifs, tels que les tiges, les contacteurs, les systèmes de contrôle vocal, l’eye-tracking, etc.

Parmi les 10 applications étudiées, une seule (Médecindirect) peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités essentielles, à la fois sur iOS et Android. Medadom peut être utilisée au clavier sur iOS uniquement, et Mon Espace Santé sur Android uniquement. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles gênants, voire bloquants, pour ce mode d’utilisation.

Sur le plan technique, les systèmes iOS et Android offrent aux développeurs d’applications tout l’arsenal permettant un accès égalitaire pour tous les utilisateurs et utilisatrices de mobiles. L’obstacle n’est donc pas technologique. On peut en revanche s’interroger sur le fait que les éditeurs de ces services aient pris en considération les personnes en situation de handicap qui utilisent – ou voudraient utiliser – leurs services en toute autonomie

Olivier NOURRY, cofondateur de Be Player One et Chief Accessibility Officer Access First

Utilisabilité au lecteur d’écran : une seule application de e-santé (Doctolib) peut être utilisée au lecteur d’écran pour les fonctionnalités les plus essentielles sur iOS et Android.

Access First s’est également intéressé à l’utilisabilité au lecteur d’écran. Les lecteurs d’écran sont des logiciels qui permettent de consulter une interface au moyen d’une synthèse vocale ou d’un afficheur braille. Ils sont utilisés principalement par les personnes aveugles et très malvoyantes, mais également par certaines personnes avec des troubles cognitifs pénalisant la lecture visuelle. Tous les appareils mobiles, qu’ils soient sous Android ou iOS, présentent cette fonctionnalité en standard.

Parmi les 10 applications étudiées, une seule (Doctolib) peut être utilisée avec un lecteur d’écran pour les fonctionnalités essentielles, à la fois sur iOS et Android. Mon Espace Santé est utilisable au lecteur d’écran sur Android, ainsi que sur iOS mais avec certaines difficultés. Médecindirect est utilisable au lecteur d’écran uniquement sur Android. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles bloquants pour ce mode d’utilisation.

Gestion des contrastes et tailles des textes : 6 applications de e-santé sur les 10 étudiées présentent des contrastes insuffisants

Access First s’est enfin intéressé à la gestion des contrastes et de la taille des textes. Les appareils mobiles proposent en effet des fonctionnalités avancées de personnalisation de l’affichage des textes, ce qui peut s’avérer indispensable à certaines personnes pour la consultation sur petit écran. Pour être effectif cependant, ce réglage doit être correctement pris en compte par les applications. Les choix de couleurs des textes sont également déterminants pour une bonne lisibilité, en particulier pour les personnes avec une déficience visuelle.

Parmi les 10 applications étudiées, seule Médecindirect sur Android offre des contrastes suffisants et répercute correctement les réglages utilisateur concernant la taille des textes. Aucune ne les prend en compte complètement. On constate par ailleurs des contrastes insuffisants sur 6 des applications étudiées (Ameli, Doctolib, Hellocare, Livi, Maiia, Qualyo).

En conclusion : sur les 10 applications de e-santé étudiées, force est de constater que l’accessibilité ne semble pas être une préoccupation pour leurs éditeurs : pas d’information sur leur accessibilité, et peu de prise en compte des usages alternatifs (clavier et assimilés, lecteur d’écran, aménagements visuels). Certaines applications (Doctolib, Medadom, Médecindirect, Mon Espace Santé) présentent des résultats satisfaisants sur l’un ou l’autre aspect évalué, mais aucune sur les quatre. On constate également des disparités entre les versions iOS et Android.

Olivier Nourry ajoute que « si certaines des applications de notre panel réussissent partiellement à satisfaire ces besoins, aucune ne le fait complètement. Cela signifie que les personnes handicapées concernées seront limitées dans leur choix, réduisant ainsi leur accès aux soins lorsque les praticiens dont elles ont besoin ne sont consultables que sur une application qui leur est inaccessible. L’accessibilité numérique des applications de e-santé est donc un enjeu de santé publique majeur, condition sine qua none d’une égalité d’accès aux soins pour toutes les citoyennes et tous les citoyens.  »

Source : Access First 

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