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A la rencontre de Pierre Gadea et C2Care

par Rémy Teston

Régulièrement, je vous propose de partir à la rencontre d’un acteur ou d’une innovation du digital santé en France. Aujourd’hui partons à la rencontre de Pierre Gadea et de C2Care.

Bonjour Pierre, peux-tu te présenter brièvement ?

Je suis Pierre, Patient expert, et Directeur général de C2Care, une entreprise de production de solutions numériques immersives au service de la santé. Ces solutions sont basées sur deux technologies d’excellence : la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

Dans ton parcours et ton investissement dans C2Care, ton statut de patient a-t-il été déterminant ?

Bien sûr, c’est pour cela que je l’ai mentionné avant mon statut de directeur général. J’étais un patient avant d’être un startupper, et cela a forgé la mission et la vision de C2Care.

La mise sur le marché d’un outil au service de la santé doit répondre en premier lieu aux besoins des soignants, mais elle doit surtout être au service des patients. Le patient est au cœur de nos dispositifs et est inscrit dans les valeurs de C2Care.

Tu es directeur général de C2Care. Peux-tu nous présenter cette start up ?

C2Care est une société créée en 2016, à fort impact sociétal. Notre mission est d’améliorer les modes de prise en charge des patients en souffrance, en s’appuyant sur les technologies immersives, notamment la réalité virtuelle et, plus récemment, la réalité augmentée. Avec plus de 3 000 praticiens équipés depuis, nous avons effectué près de 200 000 séances d’exposition jusqu’à présent.

Quel est l’apport aujourd’hui de la réalité virtuelle thérapeutique dans la prise en charge des patients ?

Les apports sont nombreux, et dépendent des spécialités. Il n’y a pas les mêmes cas d’usages en PSY que chez les kinésithérapeutes ou en neurologie. Mais le tronc commun à toutes ces spécialités est de travailler sur l’observance.

L’attractivité de la technologie couplée à la thérapie avec  des visiocasques, permet aux patients de mieux appréhender leur trouble et de progresser plus rapidement dans un univers sécurisé et contrôlé. Les technologies immersives sont des machines à générer des émotions (positives, sensorielles, relaxantes ou à engager du mouvement par exemple dans le cadre d’une rééducation fonctionnelle).

L’un des atouts majeurs est de pouvoir optimiser, sans déshumaniser, le temps de présence des soignants. Toutes nos applications ont été conçues dans un triptyque complexe qui part des impératifs métier des soignants au service du besoin des patients en s’appuyant sur des technologies de pointes .

Permets-moi de citer 3 exemples d’usage des TERV / TERA :

Traitement d’une phobie en réalité virtuelle

  • Impératif soignant : Exposer son patient de manière graduelle à différents niveaux d’anxiété dans le but de lui apprendre (à l’aide des thérapies cognitivo-comportementales) à retrouver un comportement rationnel face à des émotions irrationnelles qui entraînent un comportement d’évitement face à un objet phobogène.
  • Besoin du patient : Retrouver autonomie et liberté dans son quotidien en soignant sa phobie, par exemple l’incapacité de conduire (amaxophobie).
  • Réponse apportée par C2Care : Création d’un simulateur de conduite immersif, qui permet au patient de s’exposer de manière graduelle aux diverses situations de conduite avec de multiples paramètres météorologiques (routes de montagne, autoroute, ponts…).

Prise en charge d’un patient cérébrolésé en réalité virtuelle :

  • Impératif soignant : Stimuler les fonctions cognitives du patient en tenant compte de la sévérité de ses symptômes, en lui permettant un transfert des acquis en séance d’ergothérapie, ou de remédiation cognitive dans son quotidien.
  • Besoin du patient : Retrouver autonomie sur des tâches quotidiennes telles que se repérer dans l’espace, s’habiller ou faire ses courses.
  • Réponse apportée par C2Care : Création d’un supermarché virtuel permettant d’élaborer une liste de courses, de spatialiser ses déplacements et de gérer un budget.

Prise en charge d’un patient pour une rééducation fonctionnelle du membre supérieur en réalité augmentée :

  • Impératif soignant : Inciter le patient à mobiliser son membre de manière répétée, dans un minimum d’espace et en minimisant son temps de présence.
  • Besoin du patient : Retrouver tonicité, impulsivité et amplitude du membre handicapé.
  • Réponse apportée par C2Care : En s’appuyant sur le principe de gamification, création d’un serious game “terrain de tennis” permettant au patient de renvoyer des balles tout en ayant une vision réelle de l’environnement du plateau technique qui l’entoure.

Parmi votre large offre d’applications, quelles sont vos solutions les plus déployées ?

Nous sommes historiquement issu de la psychiatrie, avec près de 230 environnements pour la prise en charge des phobies, des troubles du comportement alimentaire, des addictions, des syndromes dépressifs ou encore des syndromes de stress post-traumatiques… Nos solutions à destination des professionnels de la santé mentale  sont les plus répandues en Europe. Mais nous sommes persuadés que la réalité augmentée va bouleverser cet ordre. Les kinésithérapeutes, les neurologues, les orthoptistes, s’approprieront le marché des thérapies immersives dans les prochains mois.

En tant qu’acteur de la e-santé en France, comment vois-tu le déploiement du numérique dans le monde de la santé ?

Très bonne question, Rémy, je t’en remercie. Je vais répondre en me basant sur mon expertise en technologie immersive, plutôt que sur la question du numérique de manière générale.

L’avènement de Meta et les investissements conséquents des géants du numérique (les GAFA) dans le domaine des visiocasques ont nécessité un temps d’évangélisation assez long pour que ces technologies soient appropriées dans les cabinets, les cliniques et les hôpitaux.

Cependant, la réalité virtuelle excluait bon nombre de patients : les personnes susceptibles de ressentir des nausées (cyber-sickness), de la désorientation… La taille du casque et le fait qu’il soit filaire généraient des contraintes dans sa mise en pratique. De plus, le prix des casques était prohibitif pour certains, ce qui ralentissait l’accès au marché.

Cependant, tous ces freins sont aujourd’hui levés avec des casques sans fil, légers, qui permettent aujourd’hui de créer du contenu thérapeutique en réalité augmentée. Cela permet au patient de ne pas ressentir de cinétoses, de désorientation et de ne pas nécessiter une surveillance constante du patient pour limiter le risque de chute.

Le marché est là, la technologie est mature, et nous sommes prêts pour le déploiement…

Pour en savoir plus : www.c2.care


Interview réalisée en partenariat avec C2Care

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