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Qare : de la téléconsultation à la clinique digitale, l’ambition d’un changement d’échelle

par Rémy Teston

Le spécialiste de la télésanté Qare affiche ses ambitions avec une nouvelle feuille de route ayant pour objectif de devenir la première clinique digitale de France d’ici 2030. Décryptage. 

Huit ans après ses débuts, Qare veut passer d’un service de téléconsultation à une véritable « clinique digitale » capable d’accompagner 20 000 patients par jour d’ici 2030. L’entreprise a dévoilé début octobre sa feuille de route « Vision 2030 » et lance deux premiers programmes de soins dédiés aux maladies chroniques, sur l’obésité d’une part, et sur l’anxiété et la dépression d’autre part. Objectif affiché : répondre à la fois aux déserts médicaux, à l’allongement des délais d’attente, au vieillissement et à la progression des pathologies chroniques, en combinant innovation technologique et expertise clinique.

« Notre force et notre différenciation résident dans l’alliance de l’expertise clinique et de l’innovation technologique. Au service des patients et aux côtés des acteurs du soin, nous mobilisons le meilleur du digital et de l’humain pour construire des soins de qualité, accessibles pour tous, et faire progresser la santé de demain », souligne sa CEO, Sylvie Nhansana, qui place l’accessibilité et la qualité des soins au cœur de la trajectoire 2030.

Le virage s’opère par paliers mesurables. Qare vise, à cinq ans, près d’un Français sur cinq accompagné, moitié via la téléconsultation, moitié via des programmes de prévention et de suivi. La société projette cinq programmes innovants à l’horizon 2030 contre deux aujourd’hui, quatre fois plus de praticiens partenaires couvrant une trentaine de spécialités, un chiffre d’affaires triplé et un investissement cumulé de 15 millions d’euros dans le déploiement de l’IA. Cette montée en charge doit porter l’activité de téléconsultation à sept millions d’actes par an en 2030, tout en déployant des parcours structurés pour les patients chroniques.

Les deux premiers programmes donnent le ton. « Qare Shape » propose une prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité, adossée à un suivi quotidien, des activités adaptées, des contenus éducatifs et un soutien motivationnel pour améliorer l’observance dans la durée. « Qare Mind » déploie une démarche similaire pour l’anxiété et la dépression, avec un accompagnement de six à douze mois. L’entreprise vise plus de 3 000 patients suivis d’ici fin 2025 et annonce le recrutement de plusieurs centaines de professionnels spécialisés pour épauler ce changement d’échelle. Ces offres entendent compléter la téléconsultation, non la remplacer, en renforçant la coordination des soins et en outillant les patients qui souhaitent être davantage acteurs de leur santé.

La brique technologique s’industrialise en parallèle avec un assistant médical fondé sur l’IA, co-construit avec 300 médecins bêta-testeurs. Les premiers retours font état d’un taux de satisfaction de plus de 92 % pour l’aide à la rédaction des comptes rendus de téléconsultation. D’ici la fin de l’année, deux fonctionnalités supplémentaires sont prévues : une assistance à la qualification des symptômes en amont et une assistance à la prescription pendant l’acte, avec un positionnement assumé d’« aide au respect des bonnes pratiques » et de libération de temps médical.

Au-delà des annonces, le pari reste exigeant. Devenir « première clinique digitale de France » suppose de tenir plusieurs lignes en même temps : qualité et sécurité des soins dans des parcours à distance, interopérabilité avec l’écosystème logiciel des professionnels, articulation avec la ville et l’hôpital, et capacité à documenter des bénéfices cliniques et médico-économiques dans la durée. Qare revendique un socle consolidé (près de 9 millions de téléconsultations au total, 3 millions de patients, 2 500 praticiens, 200 000 actes par mois, des indicateurs qualité suivis au quotidien, un agrément ministériel obtenu en 2024) qui lui confère une base de crédibilité pour cette montée en gamme. Mais l’enjeu sera de démontrer, sur des pathologies lourdes et des trajectoires longues, que des programmes « digitaux » améliorent réellement l’accès, l’observance et l’issue clinique, au-delà de la satisfaction déclarative.

Le contexte français est propice à une telle proposition, tout en étant très encadré. Les tensions d’accès aux soins créent une attente forte autour de solutions hybrides mêlant téléconsultation, suivi et prévention. Dans le même temps, la régulation des dispositifs et des services numériques impose transparence, traçabilité et preuves d’efficacité, à fortiori lorsque des modules d’assistance IA entrent dans la boucle thérapeutique. Qare inscrit ses développements dans un message de co-construction avec les praticiens et d’outillage des équipes, une orientation qui peut faciliter l’acceptabilité clinique si les résultats (délais d’accès, pertinence des prescriptions, réduction des rechutes, qualité de vie) sont au rendez-vous et partagés avec la communauté.

La trajectoire 2030 trace ainsi une ambition claire : massifier l’accès à des soins coordonnés et personnalisés à distance, sans renoncer aux standards du soin. Si la promesse se confirme, l’entreprise pourrait contribuer à déplacer une partie du suivi des maladies chroniques hors des murs, au bénéfice d’un système sous tension. La crédibilité de cette « clinique digitale » se gagnera, in fine, sur le terrain des preuves et des partenariats : médecins, établissements, payeurs et patients seront les juges de paix de cette prochaine étape de la télésanté française.

Source : Qare

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