Accueil A la une Le think tank Télésanté et numérique en santé dévoile ses recommandations pour guider les pouvoirs publics

Le think tank Télésanté et numérique en santé dévoile ses recommandations pour guider les pouvoirs publics

par Rémy Teston

Le Think Tank Télésanté & Numérique en Santé a récemment publié une série de préconisations visant à transformer les parcours de santé en intégrant harmonieusement les soins distanciels et présentiels. Découverte.

Créé en décembre 2023 par Lina Williatte, Jacques Lucas, Thierry Moulin et Pierre Simon, le Think Tank Telesante et Numérique en Santé a pour objectif de faire “connaître aux citoyens et aux patients, ainsi qu’à l’ensemble des professionnels du numérique en santé, les innovations et réussites organisationnelles dans le domaine des parcours de soins associant le distanciel et le présentiel au niveau d’un territoire de santé. ”

Suite à une série de webinaires autour d’expériences réussies sur le terrain et des travaux de groupes de travail, des recommandations ont été publiées mettant en lumière l’importance d’une médecine hybride au 21ᵉ siècle.

Parmi les 10 préconisations du think tank, je retiendrai 5 points majeurs :

1. Vers des parcours de santé hybrides

Le Think Tank souligne que l’alternance entre soins distanciels et présentiels est essentielle pour améliorer la prise en charge des patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques. Cette approche hybride repose sur l’alliance entre compétences cliniques et technologies numériques, favorisant une organisation territoriale des soins plus efficiente.

2. Innovations organisationnelles et coopérations professionnelles

Pour réussir cette transition, il est crucial de développer des organisations professionnelles innovantes. Celles-ci doivent s’appuyer sur les compétences variées des professionnels de santé, qu’ils exercent en libéral, au sein de maisons de santé pluridisciplinaires, d’établissements publics ou privés, ou encore dans des structures médico-sociales. La coopération organisée entre ces acteurs sur un même territoire est indispensable pour assurer une prise en charge globale et coordonnée des patients.

3. Évaluation et adaptation des soins distanciels

L’évaluation des soins distanciels, tels que la téléconsultation, doit démontrer leur non-infériorité par rapport aux soins présentiels. Il est recommandé d’impliquer les patients dans cette évaluation en recueillant leur expérience (PREMs) et les résultats thérapeutiques obtenus (PROMs). Les soins distanciels doivent s’intégrer naturellement dans le parcours de santé hybride du patient, garantissant ainsi la continuité et la qualité des soins.

4. Utilisation des outils numériques sécurisés

L’utilisation de plateformes sécurisées, comme “Mon Espace Santé” (MES) et le Dossier Médical Partagé (DMP), est essentielle pour assurer la qualité des soins distanciels. Ces outils permettent de compléter l’interrogatoire du patient, de tracer les actes réalisés et les prescriptions effectuées, tout en facilitant le partage d’informations entre les professionnels de santé impliqués.

5. Diversification des pratiques de téléconsultation

Le Think Tank identifie plusieurs modalités de téléconsultation adaptées à différentes situations :

  • Téléconsultation initiée par le médecin traitant ou un spécialiste : utilisée en alternance avec des consultations présentielles, selon la pertinence clinique.
  • Téléconsultation accompagnée par un professionnel de santé : un infirmier ou un pharmacien assiste le patient, notamment lors de l’examen clinique à distance.
  • Téléconsultation à l’initiative du patient : réalisée via des plateformes dédiées, à condition que le patient consente à l’accès à son DMP pour assurer la sécurité et la qualité de la prise en charge.
  • Téléconsultation en situation d’urgence : mise en œuvre par des équipes mobiles de télémédecine, en collaboration avec le SAMU ou le Service d’Accès aux Soins (SAS), avec accès au DMP en mode “bris de glace” si nécessaire.

Ces préconisations du Think Tank Télésanté & Numérique en Santé visent à instaurer une médecine hybride, alliant soins distanciels et présentiels, soutenue par des organisations professionnelles innovantes et une utilisation judicieuse des outils numériques. Cette approche promet une amélioration significative de la prise en charge des patients, en particulier ceux atteints de maladies chroniques, tout en renforçant la coordination et la coopération entre les différents acteurs de santé.

 


Pourquoi ces recommandations ?

Pierre Simon et Jacques Lucas, qui baignent dans ce monde du numérique santé depuis de nombreuses années , font partis des cofondateurs du “Think Tank Telesante et Numérique en Santé”. Pour Buzz E-santé, ils nous commentent leurs préconisations.

«  Les fondateurs du Think Tank ont cherché à faire mieux connaitre aux citoyens et aux patients, à l’ensemble des professionnels du numérique en santé, à toutes les professions de santé concernées, ainsi qu’aux autorités sanitaires et autres instances du monde de la santé,  les innovations et réussites, en premier lieu organisationnelles et d’usages impliquant la télésanté et le numérique en santé dans le domaine des parcours de santé associant les soins distanciels et les soins présentiels au niveau d’un territoire de santé, et entrainant dans leur sillon des innovations sociales et économiques.

La prédominance des maladies chroniques au 21ème siècle (70% des dépenses de l’Assurance maladie) conduit à reconsidérer le mode de prise en charge qui prévalait à l’ère où les maladies aigues étaient dominantes ( soins uniquement en présentiel, rémunération à l’acte, etc.). Un parcours de soins hybride alternant des soins en présentiel et des soins distanciels (rendus possibles par le numérique depuis le début du siècle) est plus adapté à la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques.

Cette médecine hybride se développe spontanément depuis une vingtaine d’année, mais la pandémie au Covid-19 l’a fait adopter dans la plupart des pays a travers le monde depuis 2022…

La question n’est pas de dire « seuls les soins en présentiels » garantissent une qualité de soins, mais plutôt de se poser la question ; tous les soins en présentiel chez les patients chroniques sont-ils justifiés (on pense au renouvellement d’ordonnances tous les 3 mois), certains soins ne peuvent-ils pas se faire en distanciel s’ils sont bien organisés et pertinents.

Il ne s’agit pas de substituer les soins présentiels nécessaires par des soins distanciels mais bien de définir avec le consentement des patients des parcours de soins hybrides personnalisés alternant une dose de soins distanciels en alternance avec des soins présentiels indispensables (intérêt pour limiter les déplacements, participer à la réduction des émissions carbone, etc.)

Il en est ainsi pour la téléconsultation, soin distanciel le mieux connu. Il y a plusieurs formes de téléconsultations. Toutes les motifs de téléconsultation ne sont pas pertinents, mais certains motifs peuvent être satisfaits par une téléconsultation.

Les soins distanciels utilisent la combinaison de plusieurs pratiques de télésanté (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance, télésoin). Leurs usages relèvent de parcours coordonnés par le médecin traitant avec le consentement des patients.

Il faut reconnaître que la téléconsultation pendant la pandémie n’était pas toujours pertinente, certains motifs justifiant une consultation en présentiel, laquelle ne pouvait être réalisée pendant les confinements.

Plutôt que de dire que la téléconsultation est une « sous médecine » (propos que tiennent certains médecins après l’expérience de la pandémie) ou ne devrait être qu’exceptionnelle (propos des ordres professionnels), il serait préférable d’offrir aux professionnels de santé une formation de qualité aux pratiques de télésanté ! »

Dr Pierre Simon, Cofondateur du Think Tank Telesante et Numérique en Santé


Dr Jacques Lucas« Nous avons créé le TT, sous l’impulsion de Pierre Simon, avec l’idée qu’il fallait partager, sous la forme de webinaires mensuels, les réalisations concrètes de télémédecine dans les territoires de santé de l’hexagone et des outre mers, tant dans le secteur libéral que le secteur de l’hospitalisation publique ou privée.

Partager ces réussites avait pour objectif de montrer que « ça marche », humainement et technologiquement. Cela apporte une plus-value certaine dans l’accès à des soins de qualité et peut assurer le suivi des patients, en associant consultations présentielles et téléconsultations. Et cela tord le cou aux idées parfois répandues que cette pratique déshumanise la relation de soins et n’est pas sans risques. Nous avons voulu montrer qu’il n’en est rien sans masquer les difficultés rencontrées sur le terrain par les médecins et professionnels de santé et comment elles ont pu être surmontées.

A partir de ces webinaires, nous avons voulu attirer l’attention de la puissance publique, et de l’ensemble des acteurs de l’écosystème, en publiant des préconisations. Celles-ci ont été élaborées par un groupe de travail constitué par des médecins libéraux, hospitaliers, universitaires, des infirmiers, des juristes, des industriels et éditeurs du secteur numérique … et adoptées pour publication du TT par notre assemblée générale ». Il s’agit donc bien de préconisations et non de points de vues.  Elles visent à mieux stabiliser les exercices de télésoin en apportant ou confirmant des garanties de sécurité et de qualité dans la prise en charge des citoyens et des patients.

Nous allons continuer bien sûr, avec conviction et persévérance, d’autant plus que nous avons reçu beaucoup d’encouragements pour poursuivre dans cette voie. Nous espérons être en mesure de publier d’autres préconisations à la mi-2025.

En outre, notre TT ne se limitera pas à la télésanté puisqu’il a élargi son champ de réflexions au numérique en santé comme son nom et ses statuts le confirment. »

Dr Jacques Lucas, Cofondateur du Think Tank Telesante et Numérique en Santé


 

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