La Fédération hospitalière de France a profité de cette rentrée 2025 pour dévoiler sa vision sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans le service public de santé à travers un livre blanc qui met en lumière les usages déjà déployés dans les établissements, les enseignements d’un baromètre inédit et la volonté de construire collectivement une IA au service du soin et de la confiance. Découverte.
C’est un document stratégique dense et ambitieux que vient de publier la Fédération hospitalière de France (FHF) en cette rentrée 2025. Intitulé « L’IA en santé : qui est le maître ? », ce nouveau livre blanc livre un état des lieux inédit de l’intelligence artificielle dans les établissements publics de santé et médico-sociaux, tout en traçant les lignes directrices d’une intégration maîtrisée, éthique et au service du soin.
Fruit des travaux de la commission FHF « IA en santé », enrichi des résultats d’un premier baromètre national auprès de 110 établissements publics, ce livret de 60 pages ne se contente pas de dresser un tableau des usages émergents. Il interpelle sur les conditions de réussite d’une IA hospitalière au service de la mission de service public, appelant à un véritable changement d’échelle et de méthode.
Le constat est sans appel : l’intelligence artificielle a déjà franchi les portes de l’hôpital. Selon le baromètre FHF, 65 % des établissements interrogés utilisent au moins une solution d’IA en production, principalement dans les domaines de l’imagerie médicale, de l’aide à la rédaction documentaire ou de la logistique. Mais cette diffusion reste encore fragmentée, souvent portée par des initiatives locales, sans stratégie globale ni pilotage consolidé.
Face à cette effervescence, la FHF appelle à structurer l’action autour d’une gouvernance éthique, d’une évaluation rigoureuse et d’une vision collective. Pour Arnaud Robinet, président de la FHF, « garder la maîtrise, c’est évaluer avec exigence, questionner les usages, et garantir l’utilité réelle pour les équipes et les patients« .
IA médicale et organisationnelle : quels usages aujourd’hui ?
Le livre blanc détaille les applications concrètes actuellement déployées sur le terrain. Côté médical, l’IA soutient les professionnels dans l’aide au diagnostic, la lecture d’imageries ou la détection précoce de complications. Des projets comme le « soignant augmenté », capable d’anticiper une dégradation clinique six heures à l’avance, montrent la puissance de ces outils.
Côté organisation, l’IA devient levier de fluidification des flux, de planification des ressources, de génération automatisée de comptes-rendus ou de codage PMSI. L’objectif reste constant : libérer du temps soignant, améliorer la réactivité et recentrer les professionnels sur leur cœur de métier.
Mais au-delà des promesses, les défis sont nombreux : structuration des données, interopérabilité, formation, acceptabilité, souveraineté technologique. Le chemin est encore long pour inscrire durablement ces technologies dans les pratiques hospitalières.
Le document n’élude pas les risques inhérents à l’IA : hallucinations algorithmiques, biais discriminatoires, perte d’autonomie clinique, dépendance technologique, empreinte carbone des infrastructures. Le livre blanc souligne que l’IA en santé ne peut être fiable que si elle est explicable, auditée, et encadrée par une Garantie Humaine. Cette dernière, décrite dans la norme AFNOR 2213, impose un contrôle humain tout au long du cycle de vie des algorithmes.
La FHF insiste sur la nécessité de former les équipes, pas seulement à utiliser les outils, mais à en comprendre les logiques, les limites et les biais. L’intelligence collective reste la meilleure parade à l’illusion d’une machine omnisciente.
À travers ce livre blanc, la FHF trace quatre axes prioritaires d’ici 2028 :
- Étendre les usages existants, notamment dans la documentation et l’aide à la décision.
- Optimiser les processus médico-économiques, à travers le codage et la planification.
- Automatiser les tâches de gestion des ressources humaines.
- Déployer des outils d’IA générative au service des fonctions support.
Ces priorités nécessitent un investissement massif mais aussi une mutualisation des moyens. Les CHU et les GHT sont appelés à jouer un rôle de catalyseur, en structurant les plateformes territoriales d’IA et en évitant une fragmentation technologique dommageable.
Plus qu’un plaidoyer technophile, ce livre blanc est un manifeste pour une IA pragmatique, éthique, et tournée vers le soin. Il pose une question centrale : qui doit garder la main sur l’IA ? Pour la FHF, la réponse est claire : l’humain. Celui qui soigne, celui qui accompagne, celui qui décide. C’est à lui que revient la responsabilité de faire de l’IA un outil au service du patient et non une mécanique aveugle dictant ses règles au lit du malade.
Dans un contexte d’investissements massifs annoncés au niveau national et européen, ce document s’impose comme une boussole. Il fixe un cap à suivre pour éviter que l’IA en santé ne devienne une opportunité gâchée ou un facteur de fracture. Le temps est venu de dépasser les expérimentations dispersées et de bâtir une stratégie nationale de déploiement, équitable, transparente et souveraine.
Source : Fédération hospitalière de France (FHF)
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