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Désinformation : peut-on lutter efficacement contre les fake news en santé ?

par Rémy Teston

L’information en continue et l’omniprésence des médias sociaux sont des facteurs de propagation de la désinformation ou fake news en santé. Peut-on lutter efficacement contre cette propagation ? Quelques éléments de réponse.

Nous vivons dans une période où « l’infobésité » prédomine avec une multiplication des sources d’informations, des contenus dans le domaine de la santé. Le « snack content » est omniprésent avec des contenus de plus en plus courts et peu étaillés propices à la diffusion de fausses informations.

Cette prolifération des fake news, informations trompeuses ou mensongères diffusées en ligne, constitue un défi majeur pour la santé publique. Elles peuvent avoir des conséquences graves en influençant négativement les comportements individuels et les décisions thérapeutiques.

Pourquoi diffuser des fake news en santé ?

Pour mieux lutter contre ce phénomène, il est important de comprendre les motivations qui poussent certains à créer et diffuser des fake news en santé. Parmi les raisons les plus fréquentes, on retrouve :

  • La recherche de notoriété ou de gain financier : certains individus créent des fake news dans le but d’attirer l’attention, de générer du trafic sur leurs sites web ou de vendre des produits frauduleux.
  • Les convictions personnelles ou idéologiques : d’autres sont motivés par la volonté de promouvoir leurs propres opinions, souvent basées sur des théories du complot ou des pseudosciences, quitte à diffuser des informations fausses ou trompeuses.
  • Le manque de connaissances ou de discernement : enfin, certains partagent des fake news par inadvertance, sans avoir vérifié la véracité des informations ou sans comprendre les enjeux de la désinformation.

Comment identifier les fake news ?

Face à la masse d’informations disponibles en ligne, il est crucial de développer une attitude vigilante pour identifier les fake news en santé. Quelques conseils pour identifier ces fausses informations.

Premier élément à vérifier la source de l’information : il faut se méfier des informations provenant de sources inconnues ou non fiables, telles que des sites web non professionnels ou des réseaux sociaux personnels. Autre élément important à regarder, l’information dispose-t-elle de sources vérifiables telles que les sites web d’organisations de santé publique, les revues scientifiques ou les médias d’information de qualité.

Les fake news sont souvent anciennes et ne sont pas mises à jour donc il faut vérifier la date de publication. Il faut aussi prêter attention au ton et style d’écriture avec un langage souvent alarmiste, sensationnaliste ou agressif.

Les plateformes sociales tentent de s’acheter une conduite…

La crise sanitaire de 2020 a mis en exergue le manque de modération et de contrôle des principaux réseaux sociaux comme Twitter X, Facebook, Instagram, YouTube ou TikTok. Progressivement ces plateformes mettent en place des dispositifs pour lutter contre la désinformation en santé.

A titre d’exemple, Youtube a mis à jour ses règles pour lutter contre la désinformation médicale en supprimant toutes les vidéos qui diffusent de fausses informations santé dans 3 catégories : fausses informations concernant la prévention, les traitements et le déni de maladies.

Cette évolution s’inscrit dans une démarche plus large, baptisée YouTube Health concernant les informations médicales : mettre en avant des contenus provenant de sources fiables, retirer les contenus qui enfreignent le règlement de la plateforme concernant les fausses informations médicales, et réduire la diffusion des contenus à la limite de l’infraction.

La plateforme a notamment introduit deux fonctionnalités en France dans le but de fournir plus de contexte aux utilisateurs et les aider à parcourir et identifier plus facilement les informations fiables sur les sujets santé : l’ajout de nouveaux panneaux d’information sous les vidéos liées à la santé pour aider les utilisateurs à identifier si le contenu provient d’une source fiable et la création de sections dédiées pour mettre en évidence des vidéos provenant de ces mêmes sources fiables en tête de résultats des requêtes les plus importantes sur les sujets de santé (cancer, diabète, maladie d’Alzheimer, leucémie, épilepsie, AVC, etc.).

Dans la même lignée, le groupe Meta via Instagram et Facebook a renforcé la modération de ces contenus en déployant notamment un système d’alerte rétroactif aux utilisateurs qui auront vu, partagé ou interagi avec de fausses informations.

De l’autre côté, des plateformes comme X et TikTok ne font pas de la lutte contre la désinformation une de leur priorité. Depuis le rachat par Elon Musk, la modération est de moins en moins présente sur X (ex Twitter) avec pour conséquence un désengagement progressif des acteurs de santé de cette plateforme.

L’Inserm lance une nouvelle campagne pour Canal Détox

Les fake news circulent rapidement parce qu’elles sont souvent divertissantes et captivantes, offrant des solutions simplistes à certains problèmes ou à certaines inquiétudes en matière de santé. Partant de ce constat, l’Inserm a choisi d’utiliser un registre surprenant et utilisant les codes actuels pour promouvoir l’information scientifique de qualité, à travers la promotion de son label Canal Détox.

De la mi-septembre jusque début octobre, cette campagne sera présente dans les métros, gares et pharmacies de France, ainsi que dans plusieurs journaux nationaux. À travers 5 grandes affiches thématiques, le grand public est surpris par une information étonnante, voire farfelue, et est invité à adopter un comportement d’information actif en flashant un QR code renvoyant à des textes vérifiés sur le site Internet de l’Inserm.

Pour le Pr Didier Samuel, Président-directeur général de l’Inserm : « En santé, encore plus que dans d’autres domaines, les fausses informations se disséminent à vitesse grand V. Il est alors important que l’Inserm, en tant que premier organisme national de recherche en santé, aide les citoyens à faire le tri entre ce qu’ils peuvent croire – car fondé sur des bases scientifiques solides, et ce qui peut être dangereux pour leur santé. L’Inserm fait le choix d’aller au-devant des citoyens, directement dans leurs lieux de vie, avec des messages simples et impactants, et surtout utiles à leur santé ! »

Pour combattre la désinformation et rendre la parole à la science, l’Inserm met à disposition une série de contenus destinée à valoriser la parole scientifique : Canal Détox. Elle propose des vidéos au format court et des textes visant à décoder l’actualité et à vérifier les informations qui circulent dans le domaine des sciences de la vie et de la santé.

Source : Inserm

 

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