Régulièrement, je vous propose de partir à la rencontre d’un acteur ou d’une innovation du digital santé en France. Aujourd’hui partons à la rencontre de Christophe Duhayer Président Johnson & Johnson Medical Devices France pour parler de chirurgie digitale.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous dresser un rapide panorama des activités de J&J Medical Devices en France ?
J&J Medical Devices est une entité du groupe Johnson & Johnson qui est composée de 3 principaux domaines d’activité : la chirurgie générale (Ethicon), l’orthopédie (DePuy Synthes) et l’interventionnel avec le traitement des arythmies cardiaques et des AVC (Biosense Webster et Cerenovus). En France, nous comptons environ 700 employés qui contribuent au développement et à la promotion de nos technologies et innovations.
Acteur majeur du bloc opératoire, comment voyez-vous l’évolution de la chirurgie et du bloc opératoire avec l’innovation constante ?
L’objectif pour J&J Medical Devices est de développer un écosystème interconnecté pour favoriser une chirurgie qui soit moins invasive, plus personnalisée et plus intelligente. Pour façonner cet écosystème, nous intégrons de la robotique de dernière génération, des instruments connectés et intelligents, de l’imagerie avancée, de l’intelligence artificielle et de la réalité virtuelle.
On a observé de nombreuses expérimentations autour de la réalité virtuelle en bloc opératoire. Comment intégrez-vous cette technologie ?
Nous intégrons cette technologie dans nos solutions digitales et robotiques. Nous avons accéléré la transformation de nos parcours de formation pour les professionnels de santé sur la base d’un modèle “blended learning”. La pratique peut se faire en présentiel ou avec des solutions digitales comme de la réalité virtuelle, des simulateurs, des lunettes connectées ou du télémentoring.
On parle de plus en plus de chirurgien augmenté. Quelle est votre vision sur cette tendance ?
La question centrale est « qu’est-ce que toutes ces innovations digitales vont apporter au chirurgien ? ». Cet écosystème d’innovation apporte aux chirurgiens des outils d’aide à la préparation et à la décision avant et pendant les interventions chirurgicales qui permettent d’améliorer la planification et d’augmenter la qualité des soins. Plus le chirurgien sera accompagné par la technologie, plus l’acte médical sera pertinent et efficace. A titre d’exemple nous avons un partenariat mondial exclusif avec la start-up strasbourgeoise Visible Patient dont l’objectif à partir d’images IRM ou scanner est de modéliser en 3D un organe spécifique du patient. Grâce à cette solution, le chirurgien en pré-opératoire peut analyser l’anatomie du patient et adapter son approche thérapeutique et sa stratégie opératoire.
Quels bénéfices ces avancées technologiques représentent pour les patients ?
Les bénéfices pour les patients sont multiples. Ces nouvelles technologies permettent d’améliorer la qualité des soins avec des interventions personnalisées et mini-invasives qui diminuent le temps d’hospitalisation et permettent aux patients de récupérer plus rapidement. Grâce aux outils digitaux, le patient peut rester connecté avec son équipe médicale avant, pendant et après son intervention chirurgicale ce qui facilite sa prise en charge et son suivi.
Au-delà de l’impact sur la pratique du chirurgien, voyez-vous un impact de ces avancées technologiques sur le système de santé ?
Ces avancées technologiques apportent plus de valeur médicale, plus de valeur perçue par les patients, plus de valeur économique pour le système de santé. En diminuant le temps d’hospitalisation, en accélérant l’ambulatoire et la reprise d’activité des patients, ces solutions participent à une meilleure gestion des services hospitaliers et à une réduction des dépenses pour le système de santé.
« Un écosystème interconnecté est la clé pour développer la chirurgie digitale »
La pratique en chirurgie est impactée par la technologie depuis de nombreuses années (robotique, jumeaux numériques, réalité virtuelle et augmentée, imagerie et intelligence artificielle). Le plus grand défi n’est-il pas d’interconnecter toutes ces solutions ?
Cette notion d’interconnexion est la clé pour développer la chirurgie digitale. Aujourd’hui dans un bloc opératoire, il y a énormément de technologies mais si elles restent cloisonnées entre elles, cela ne sera pas efficace ni pertinent pour le chirurgien. L’interopérabilité entre les solutions est donc primordiale. Elle favorise également la récupération de données pour permettre à l’établissement de santé, au ministère de la Santé, au chirurgien, à l’équipe médicale d’avoir des éléments factuels pour faire un diagnostic précis de là où ils en sont de leurs techniques opératoires, leurs résultats cliniques et médico-économiques.
Par rapport à ces innovations digitales on observe des niveaux d’appétences disparates suivant les spécialités. Quel est le niveau d’appétence du chirurgien pour ces technologies ?
Les chirurgiens ont compris ce que les technologies digitales pouvaient apporter à leur pratique quotidienne et à l’évolution de la médecine qui s’oriente vers la médecine 4.0 qui sera préventive, prédictive, participative et personnalisée.
Chez J&J Medical Devices, au même titre que nous avons accompagné le passage de la chirurgie ouverte à la chirurgie coelioscopique, nous sommes engagés à former les professionnels de santé aux nouvelles technologies digitales du bloc opératoire augmenté.
Une question plus large sur l’innovation en santé. On observe une multitude d’acteurs, des GAFAM à de petites start-up. Comment collaborez-vous avec les autres acteurs sur ce secteur de la chirurgie digitale ?
Au niveau de la recherche & développement, nous avons une approche extrêmement collaborative. Depuis 2017, nous avons investi plus de 12 milliards de dollars en R&D, partenariats et acquisitions. Depuis 2018, ce sont plus de 150 acquisitions et partenariats qui ont été réalisés pour nous permettre d’accélérer le développement de notre écosystème digital. A titre d’exemple on peut citer la start-up grenobloise Orthotaxy spécialisée dans la chirurgie robotique du genou.
Nous avons également des partenariats avec des sociétés technologiques comme Google ou Apple avec l’Apple Watch pour la détection précoce de fibrillation atriale. Nous développons également une approche collaborative avec les établissements de santé et de recherche comme la fondation AP-HP sur les PROMS (Patient-reported outcomes measures) pour la mesure de satisfaction patient après une intervention chirurgicale.
Avec la feuille de route du numérique en santé, on observe une véritable structuration de la e-santé en France. Quel est votre regard sur cette évolution ?
On est très impressionné par le travail réalisé par Dominique Pon et la Délégation du Numérique en Santé. Beaucoup de choses se mettent en place et nous aspirons à être un acteur majeur dans le déploiement de ces nouvelles approches technologiques en santé. Nous collaborons également sur le sujet de la régulation avec le SNITEM pour in fine développer un écosystème qui soit au service de la pratique des professionnels de santé et du patient.
Pour en savoir plus sur Johnson & Johnson Medical Devices France : https://www.jnjmedicaldevices.com/fr-FR/service-details/johnson-johnson-medical-devices-en-france
Interview réalisée en partenariat avec Johnson & Johnson Medical Devices France
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