Santé connectée : une perception des Français qui évolue

Pour décrypter la perception des Français sur le numérique dans le monde de la santé, le laboratoire Bristol Myers Squibb et EDHEC Business School, avec le soutien d’Ipsos, proposent une nouvelle vague du baromètre sur la santé connectée.

Dans le monde de la santé, le numérique est de plus en plus présent avec notamment une nouvelle feuille de route du numérique en santé 2023-2027 pilotée par la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS). La santé digitale, propulsée par l’intelligence artificielle, marque un tournant dans la manière dont nous concevons les soins médicaux. Les avancées en IA offrent une multitude de bénéfices.

Pour comprendre la perception des Français sur cette évolution, Bristol Myers Squibb et l’EDHEC Business School, dans le cadre de la création de leur Management in Innovative Health, dévoilent la vague 2 de leur baromètre de la santé connectée, avec l’institut de sondage IPSOS. Objectif : fournir aux acteurs de l’écosystème de la santé des données inédites sur les évolutions comportementales et la perception des Français vis-à-vis des solutions digitales en santé.

Menée auprès de 1000 Français âgés de 18 à 74 ans du 7 au 9 février 2024, cette seconde vague du baromètre montre leurs attentes en termes d’information, de pédagogie et de réassurance quant à l’utilisation de la santé connectée.

Cette étude comporte plusieurs objectifs :

  • Evaluer la connaissance, la perception et l’usage des outils de santé connectée des Français
  • Suivre dans le temps l’évolution de ces perceptions et des pratiques
  • Identifier les attentes et les craintes liées à ces nouveaux outils, les pistes d’évolution et les nouvelles tendances

Acceptabilité, niveau de connaissance… Les chiffres clés du baromètre

Dans ce baromètre, les Français ont été interrogés sur leur connaissance de la santé connectée, leur niveau d’acceptabilité ou la légitimité des acteurs. Quelques chiffres clés à retenir.

Une appétence pour le digital variable

On observe tout comme lors de la première vague des profils plus ouverts au digital que d’autres 43 % des Français ont une appétence forte ou très forte pour le numérique. Parmi les profils convaincus, on retrouve une population jeune (18-34 ans), masculine, urbaine, CSP+ avec un niveau d’éducation élevé (>Bac+3). A contrario, les profils avec un intérêt plus mitigé sur le digital, on retrouve une population plus âgée (+55 ans), CSP+ et inactive.

Un manque d’information

Alors que les institutions publiques multiplient les communications autour du numérique santé, notamment avec le portail Mon Espace Santé, le baromètre dévoile un premier chiffre étonnant : 69% de la population ne se sent pas bien informée sur le sujet de la santé connectée soit +5pts par rapport à la vague 1. Un niveau d’information plus bas observé parmi les 55-64 ans (79%), les ruraux (74%) et les femmes (73%). Constat similaire pour les personnes ayant un accès difficile au soin (81%).

Utilisation des outils de santé connectée

Parmi les solutions de santé connectée les plus utilisées par les Français on retrouve :

  • La prise de rendez-vous en ligne avec des médecins spécialistes (84%) ou des médecins généralistes (78%)
  • Les applications de suivi de santé : 54% des Français ont déjà utilisé une application de suivi de santé, 21% l’utilisent souvent

Une utilisation mitigée des applications de santé…

37% des Français utilisent au moins occasionnellement une application de suivi de santé contre 34% lors du baromètre précédent. On observe une évolution des profils qui utilisent les applications de santé : plus de femmes, plus ouverts aux différents groupes d’âges, plus variés en termes de zones d’habitation.

Le fait d’être atteint de maladies graves / chroniques n’influence pas la fréquence d’utilisation d’une application de suivi de santé.  Toutefois, les personnes atteintes de problèmes respiratoires (48%) y ont davantage recours que les personnes atteintes d’autres maladies chroniques. Les ruraux (36%) sont désormais aussi nombreux que les urbains (37%) à utiliser régulièrement les applications de santé.

On observe une baisse de l’utilisation des outils de santé connectée parmi les patients atteints de maladies chroniques : 24% (- 8pts par rapport à la vague 1) des personnes atteintes de maladies chroniques utilisent des outils de santé connectée dans le suivi ou la gestion de leur maladie. Ce sont les populations actives professionnellement qui y ont le plus recours (31%) et notamment les populations les plus jeunes de 18-44 ans (46%).

Il s’agit de personnes disposant majoritairement d’un accès facile à leur médecin (28%), laissant présumer une utilisation de ces outils non destinée à faire face aux déserts médicaux.

Les personnes atteintes de maladies graves utilisent plus régulièrement une application de suivi de santé : troubles cardio-vasculaires (42%), diabète (46%), problèmes respiratoires (44%). Les urbains sont plus nombreux à utiliser régulièrement les applications de santé (37%) que les ruraux (32%).

Le digital au service de l’information en santé

Cette deuxième vague du baromètre fait un focus l’impact des outils numériques dans l’information en santé des Français. Découverte des principaux enseignements.

Utilisation importante des moteurs de recherche

Les moteurs de recherche constituent la principale porte d’entrée des Français pour s’informer en ligne sur la santé. Ils les utilisent pour s’informer sur la santé en général (74%), une maladie ponctuelle (72%) ou une maladie chronique (65%).

Les Français prêts à utiliser les IA génératives

59% des Français seraient prêts à utiliser une Intelligence Artificielle générative pour obtenir des informations d’ordre général dont 30,3% l’utilisent déjà et 28,2% ne l’utilisent pas mais seraient prêts à le faire. Il s’agit surtout des plus jeunes (18-24 ans) (73%), urbains (64%), CSP+ (70%) et des populations à niveau de formation élevé (Bac+3 et plus) (70%).

Ils seraient en revanche, moins de 5 sur 10 (47%) à utiliser une IA générative pour s’informer dans le cadre de la santé. Il s’agit essentiellement de populations à nouveau urbaines (51%), CSP+ (56%) et ayant un niveau de formation élevé (Bac+3 et plus) (53%). Une utilisation qui se ferait essentiellement pour se renseigner sur des symptômes puis sur des traitements et leurs effets secondaires.

Parmi les motifs d’utilisation, on trouve :

  • Se renseigner sur les symptômes (50%)
  • Se renseigner sur les traitements (42%)
  • Obtenir des informations sur de possibles effets secondaires (41%)
  • Obtenir des conseils médicaux généraux sur la santé (40%)
  • Trouver à quel professionnel de santé s’adresser (36%)
  • Obtenir des informations sur l’efficacité d’un traitement (36%)
  • Obtenir des conseils pour améliorer l’hygiène de vie (34%)
  • Réaliser un auto-diagnostique (28%)

Si les 18-34 ans, les hommes et les habitants de la région parisienne ainsi que les CSP+ sont en général plus favorables à l’utilisation de l’IA générative ou non, il semble y avoir une confusion au niveau des différents types d’IA, expliquant des perceptions très similaires.

Acceptabilité de la santé connectée : leviers et barrières

Ce baromètre s’intéresse également au niveau d’acceptabilité de la santé connectée par les Français en prenant en compte les réticences et craintes.

Une réticence plus importante à l’égard de la santé connectée en 2024

69% des Français se disent prêts à utiliser la santé connectée (vs 76% en 2023). A noter que 49% seraient prêts à davantage utiliser la santé connectée mais sous certaines conditions (sécurité, accès limité, etc.). Les moins prêts à utiliser davantage les outils en santé connectés sont les plus âgés (59% des 55-74 ans), et les niveaux d’éducation les moins élevés (59% des niveaux inférieurs au bac).

Les bien informés sur la santé connectée en général sont plus ouverts à une utilisation de tout ce qui existe.

A noter que les dates de l’enquête coïncident avec la révélation médiatique de la fuite de numéros de Sécurité Sociale concernant potentiellement 33 millions de personnes.

Le pouvoir de recommandation du médecin traitant reste prépondérant

Le médecin traitant est le principal instigateur du recours à la santé connectée : 57% des Français sont prêts à utiliser des solutions de santé connectée sur recommandation du médecin traitant. Parmi les autres motivations on trouve : recommandations des autorités de santé (38%), recommandations de proches (21%), avis sur internet et réseaux sociaux (12%), publicité ou site internet d’une entreprise proposant des solutions de santé connectée (9%).

Des avantages identifiés…

Une grande partie des Français s’accordent sur le fait que la santé connectée permettrait plus de rapidité, de praticité et aussi de faire face aux déserts médicaux. En revanche, elle n’est synonyme de précision et de fiabilité diagnostique ou médicale que pour moins d’1 français sur 5.

…mais aussi des craintes

Les répondants identifient quelques limites et freins face à la santé connectée. Des craintes en augmentation notamment sur la sécurité et la fiabilité. Un besoin de réassurance qui diffère selon les profils : tandis que les 18-24 ans s’inquiètent plus souvent que les autres profils du risque écologique relatif à l’écosystème de la santé connectée, les 65-74 ans cherchent davantage que les autres profils à se distancer du suivi quotidien de leur santé.

A noter que les femmes expriment plus de craintes quant à l’efficacité que les hommes…

Des niveaux de légitimité différents selon les acteurs

Les services de santé publics ou privés sont perçus comme légitimes en particulier par les populations au niveau d’éducation le plus élevé. En revanche, la légitimité est très réduite pour les entreprises du médicament, les entreprises technologiques françaises et les entreprises technologiques internationales et est essentiellement portée par les plus jeunes (<35 ans). Seulement 9% des répondants désignent les GAFAM comme légitime en santé connectée.

Gestion des données de santé

Les Français sont prêts à transmettre leurs données personnelles dans le cadre de la gestion de leur santé mais dans un cadre précis. Les motifs principaux pour lesquels les Français accepteraient de transmettre des données personnelles sont toujours l’aide au diagnostic d’une maladie, à l’analyse du parcours de soin et in fine au traitement d’une maladie.

Toutefois, les Français sont moins nombreux à accepter de transmettre leurs données qu’en 2023. Un résultat qui peut s’expliquer par la multiplication récente des fuites de données de santé et cyberattaques contre des établissements de santé.

La majorité des Français n’est pas en confiance pour partager ses données personnelles en dehors d’un partage avec son médecin traitant (85%), des organismes publiques (Assurance maladie : 62%) ou avec des hôpitaux (hôpitaux publics : 65%, hôpitaux privés : 51%).

Des Français peu enclins à transmettre leurs données de santé aux GAFAM. Seuls 12% et 15% des français accepteraient de transmettre leurs données de santé personnelles respectivement aux GAFAM (12%) ou à leur banque/assurance (15%).

Le fait d’anonymiser les données personnelles fournies encourage légèrement plus les Français à transmettre leurs données personnelles à des destinataires associées à des initiatives privées.

Bénéfices perçus de l’IA en santé

55% des répondants perçoivent des bénéfices dans les services/solutions thérapeutiques numériques en santé (Big data et IA) pour le développement de la médecine personnalisée. On observe toutefois une perception mitigée des bénéfices selon les profils. Si les plus jeunes et les CSP+ sont plus optimistes quant aux avantages qu’ils garantissent, les CSP-, les plus âgés et les femmes en général, ne les perçoivent pas comme étant bénéfiques pour le développement de la médecine personnalisée.

Globalement concernant son usage :

  • 57% des Français ont confiance dans l’IA pour le diagnostic
  • 59% considèrent que l’IA générative peut améliorer la qualité des soins médicaux
  • 64% sont prêts à partager leurs données de santé si cela permettait à une IA de leur générer des conseils de santé personnalisés
  • 65% accepteraient de changer leur mode de vie sur les recommandations d’une Intelligence Artificielle si celle-ci pouvait prédire avec précision une maladie avant qu’elle ne survienne.
  • 66% sont en faveur de l’utilisation de l’IA pour limiter les tests de médicaments sur les êtres vivants.
  • 39% auraient confiance dans le couple médecin /IA pour le diagnostic mais seulement 3% dans une IA seule

Selon Christophe Durand, Président de Bristol Myers Squibb France : « Au sein du groupe Bristol Myers Squibb, nous exploitons déjà la puissance de l’IA pour améliorer les essais cliniques et mettre plus rapidement l’innovation à disposition des patients. Cela représente un espoir supplémentaire d’accès aux médicaments pour les patients atteints de maladies graves ! »

Des tendances à retenir

Cette étude permet de dégager quelques tendances fortes dans la perception des Français autour de la santé connectée.

Recul de l’utilisation des outils de santé connectée

L’évolution rapide de la santé connectée pourrait dépasser le rythme d’adaptation des Français, qui se sentent de moins en moins bien informés à son sujet. De plus, les outils de santé connectée ne suscitent plus autant d’enthousiasme. Ils ne sont plus que 21% des Français à être prêts à utiliser tout ce qui existe en termes de santé connectée (-9 pts) et plus que 69% à être prêts à davantage utiliser la santé connectée (-7 pts) en général. Cette tendance pourrait être associée à une augmentation de 6 points des préoccupations concernant la sécurité des données.

Ce recul peut aussi s’expliquer par le fait que les Français considèrent de plus en plus le suivi quotidien de leur santé comme anxiogène (+4 pts).

Une perte de confiance dans les hôpitaux publics et privés

Seuls 52% des Français (-15 points depuis la dernière enquête) et 41% (-13 points) considèrent désormais les services de santé publics et privés comme étant légitimes à proposer des services thérapeutiques numériques.

Les services de santé numériques impliquent souvent le partage de données sensibles. Or, les attaques cybercriminelles dont ont été victimes différents groupes hospitaliers en France en 2023 ainsi que la fuite des données de la Sécurité Sociale de février 2024 pourraient avoir laissé de sérieux doutes quant à la capacité de ces institutions de garantir la sécurité de ces données.

Un regard mitigé sur l’utilisation de l’intelligence artificielle en santé

Une part encore minoritaire des Français (39%) pense que l’Intelligence Artificielle permettrait aux médecins d’amplifier leurs compétences. Un tiers des Français exprime des doutes quant à la fiabilité des outils connectés. Cette Intelligence Artificielle dont beaucoup parle reste une inconnue en laquelle les Français n’ont pas une grande confiance (note de confiance moyenne de 4,6/10). L’Intelligence Artificielle suscite néanmoins beaucoup de curiosité chez près de la moitié des Français (47%) qui ont besoin de sa validation par l’expertise humaine.

« Bien que les Français se montrent favorables à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) en matière de prévention, il est impératif de renforcer leur confiance afin de promouvoir une adoption plus large de ces solutions prometteuses. Face à la recrudescence des cyberattaques, l’adhésion à la santé connectée représente un défi majeur, d’autant plus que l’exploitation des données occupe une place centrale dans leurs préoccupations. » confirme Loick Menvielle, professeur à l’EDHEC et directeur de la Chaire « Management in Innovative Health »

 


Un baromètre mené dans le cadre de la Chaire de recherche « Management in Innovative Health »

Cette 2ème vague de ce baromètre s’inscrit dans le cadre de la Chaire de recherche « Management in Innovative Health » créée en mai 2022 par Bristol Myers Squibb et l’EDHEC Business School qui vise à contribuer à l’accélération de l’innovation dans le domaine de la e-santé au bénéfice des patients.

Bristol Myers Squibb, 6e entreprise biopharmaceutique mondiale, évolue à l’avant-garde des progrès scientifiques et thérapeutiques, essentiellement dans des maladies graves, comme le cancer et les maladies cardiovasculaires, pour rendre l’innovation disponible aux patients le plus rapidement possible. Son utilisation des technologies numériques a accéléré la découverte de médicaments et a contribué au doublement de la taille de son portefeuille de molécules en développement ces 2 dernières années. Le machine learning et l’intelligence artificielle permettent en effet d’optimiser le développement clinique des molécules et modéliser leur utilisation dans des études cliniques. C’est par exemple l’objet du partenariat stratégique conclu avec la licorne franco-américaine Owkin.

Les résultats du baromètre montrent que l’innovation en e-santé peut sembler complexe au grand public et les impacts de la révolution numérique sur cet écosystème doivent être évalués pour que celle-ci puisse déboucher sur une plus grande efficience du système de soin pour les patients.

Le baromètre de la santé connectée, à vocation annuelle, offrira aux différents acteurs de l’écosystème un aperçu régulier de la perception des Français sur cette révolution.

Article réalisé en partenariat avec le laboratoire Bristol Myers Squibb

 

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