Symptom Checkers, IA et automédication : les Français à la recherche de réponses immédiates

Face aux tensions d’accès aux soins, les Français arbitrent de plus en plus entre recherche en ligne, automédication et premiers avis générés par l’IA. L’étude OpinionWay pour MMA documente cette bascule : l’information numérique reste la porte d’entrée, tandis que les outils d’évaluation des symptômes certifiés commencent à s’imposer comme briques de triage et d’orientation. Décryptage.

Face à des difficultés d’accès aux soins qui perdurent, les Français installent de nouveaux réflexes de premier recours. C’est le principal enseignement de l’étude OpinionWay réalisée pour MMA et publiée le 9 septembre 2025 : un Français sur deux cherche désormais en ligne des réponses immédiates à ses symptômes, et une frange non négligeable commence à s’appuyer sur des outils d’intelligence artificielle pour les interpréter. Cette photographie, au croisement des usages numériques et de la régulation du système de santé, interroge autant qu’elle ouvre des perspectives pour l’orientation des patients, la prévention et l’efficience des parcours.

Le recours à l’automédication s’installe comme une réponse courante aux maux du quotidien. Interrogés sur leur premier geste face à un problème bénin, 31 % des répondants déclarent se soigner eux-mêmes, quand 15 % consultent d’emblée un professionnel de santé et 18 % préfèrent ne rien faire, en attendant que les symptômes passent. La pratique est plus marquée chez les plus de 50 ans, tandis que les plus jeunes privilégient l’entourage et la recherche d’informations. Ces comportements traduisent l’arbitrage quotidien des patients entre disponibilité médicale, gravité perçue et outillage numérique.

Internet demeure la porte d’entrée dominante pour s’informer : 55 % des Français « googlisent » leurs symptômes. Les sites institutionnels ou grand public restent les destinations privilégiées, loin devant les outils d’auto-évaluation structurés. Seuls 2 % des répondants déclarent avoir déjà utilisé un « symptom checker » médicalement encadré, alors même que près d’un Français sur deux en a entendu parler. Un décalage persistant entre notoriété et usage, qui s’explique par l’offre hétérogène, la difficulté à distinguer le validé du non validé, et la force d’habitude du moteur de recherche.

L’IA commence toutefois à infuser dans ces premiers recours. 12% des Français disent utiliser l’intelligence artificielle pour analyser leurs symptômes, une proportion qui grimpe chez les 18-34 ans : 27 % des 18-24 ans et 22 % des 25-34 ans ont déjà testé ces solutions. Parmi les utilisateurs, l’expérience est jugée positivement : 86 % se déclarent satisfaits, dont un tiers très satisfaits. Les cas d’usage sont très « médecine générale » : douleurs musculaires et dorsales, céphalées, fatigue ou fièvre, pour des sollicitations répétées dans le temps par la moitié des utilisateurs.

Le potentiel de diffusion est réel : parmi ceux qui n’ont jamais essayé, près d’un sur deux se dit prêt à tester un outil d’IA d’évaluation des symptômes. La motivation première est le gain de temps pour obtenir un premier avis (56 %), devant la volonté d’éviter une consultation jugée inutile (41 %). Autrement dit, l’IA est perçue moins comme un « diagnosticien » que comme un triage d’opportunité, capable d’orienter intelligemment selon l’intensité et la nature des signaux.

Pour autant, les freins restent puissants. L’attachement à la relation clinique demeure : 52 % préfèrent une consultation directe avec un professionnel. Et 51 % expriment une défiance à l’égard de l’IA en santé, nourrie par l’opacité perçue des algorithmes et la crainte d’erreurs. Fait notable, ceux qui connaissent ces outils leur attribuent une note de confiance moyenne de 8/10, équivalente à celle des sites institutionnels : l’acceptabilité progresse avec l’usage et la compréhension du cadre d’emploi. Le chantier de la pédagogie (expliquer ce que fait l’outil, ses limites et la place du médecin) reste donc central.

Dans ce contexte, l’initiative de MMA illustre une voie de mise en œuvre responsable. L’assureur donne à ses assurés un accès, via Santéclair, à un outil d’analyse de symptômes développé par ADA Health : un service sans frais additionnels, confidentiel, validé médicalement et certifié comme dispositif médical. Sa promesse n’est pas de remplacer la consultation mais d’offrir une évaluation personnalisée en quelques clics et d’orienter vers le bon niveau de prise en charge, contribuant à réduire les passages inappropriés aux urgences et à optimiser l’accès aux soins dans les zones sous-dotées. C’est une brique de première ligne, complémentaire de la clinique et insérée dans un parcours encadré.

Au-delà des chiffres, l’étude dit quelque chose d’une transition culturelle. Les Français testent, comparent, arbitrent entre autonomie informée et recours au soignant. Les outils numériques crédibilisent la démarche lorsqu’ils sont médicalement validés, intégrés à des plateformes de confiance et clairement positionnés comme des aides à la décision. Pour les acteurs de l’écosystème (assureurs, complémentaires, établissements, start-ups et éditeurs) la clé sera d’articuler ces solutions avec les référentiels de qualité, les exigences de sécurité et une information claire sur le statut médical des outils, leur traçabilité et la protection des données.

Source : OpinionWay/MMA

 

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