L’institut Odoxa a dévoilé les résultats d’une étude sur le regard de la e-santé par les Français, pour Oracle et Tech & Co sur BFM Business. Découverte des résultats.
La e-santé en France se déploie progressivement avec les différentes stratégies nationales mises en place et la crise sanitaire qui a eu un effet accélérateur, notamment au niveau des usages. Les investissements sont de plus en plus nombreux et le nombre de solutions développées de plus en plus grand pour les patients ou professionnels de santé.
Mais quel est la perception des Français de ce déploiement de la e-santé ? Quelques éléments de réponse avec cette étude menée par Odoxa pour Oracle et Tech & Co sur BFM Business.
Croissance des usages des objets connectés
La part de Français utilisant des objets connectés pour suivre leur état de santé ou leur activité physique est désormais majoritaire (51%, + 14 points en 4 ans).
Le recours à ces outils s’est développé avec la pandémie. Les Français ne se sont jamais autant préoccupés des questions de santé et de «bien-vivre» que depuis le début de la crise sanitaire. Cette tendance s’explique également par le fait que les outils connectés permettant de suivre son état de santé et son activité physique sont de plus en plus nombreux et experts : activité physique, cohérence cardiaque, diététique, sevrage tabagique, rappels de vaccin, et marqués par l’essor du self-quantifying (podomètres, tension artérielle, traqueurs de calories…).
On observe une variation des usages selon :
- Le sexe : 53% des hommes utilisent des objets connectés poursuivre leur santé et leur activité physique, contre 49% des femmes.
- L’âge : 73% des moins de 35 ans en sont utilisateurs contre 42% des 50-64 ans et 32 % des 65 ans et plus.
- La catégorie socioprofessionnelle : seuls 48% des ouvriers les utilisent contre 69 % des cadres.
- La zone de résidence : les habitants de l’agglomération parisienne sont 60 % à avoir recours à ces outils contre 48 % des résidents de zones rurales et 45 % des habitants de petites villes.
Téléconsultation : une satisfaction qui reste élevée mais des doutes sur l’efficacité
24% des Français ont déjà pratiqué la téléconsultation, c’est 4 fois plus qu’en 2019 et le niveau de satisfaction des usagers reste élevé (78%)
En novembre 2019, seuls 6% des Français avaient déjà expérimenté la téléconsultation. Et le début de la crise sanitaire avait constitué un accélérateur de tendances en la matière : en juin 2020, 18% des Français déclaraient avoir déjà effectué une consultation à distance avec un médecin (+12 points en moins d’un an).
La part de Français ayant déjà pratiqué la téléconsultation a continué de progresser jusqu’à aujourd’hui : elle atteint désormais 24% (+6 points). En termes de profil, les « convertis à la téléconsultation » sont nettement plus nombreux chez les 25-34 ans (39%) et les 35-49ans (31%) que chez les 50-64ans (20%) et les 65 ans et plus (15%), de même que chez les cadres (39%) plutôt que chez les ouvriers (21%) et chez les habitants de l’agglomération parisienne (34%) ou de grandes villes (31%) plutôt que chez les personnes résidant en milieu rural (17%) ou dans les petites villes (18%).
Le niveau global de satisfaction reste important : 78% des Français ayant déjà effectué une téléconsultation l’ont jugée satisfaisante, un niveau équivalent à juin 2020 (79%) et supérieur de 7 points à novembre 2019 (71%).
Mais il existe des doutes sur l’efficacité de ce mode de consultation. Seuls 22% des Français considèrent qu’une téléconsultation est aussi efficace qu’une consultation physique, c’est 15 points de moins qu’il y a 2 ans. Moins de la moitié des Français juge qu’elle est aussi efficace qu’une consultation physique et la part de ses soutiens recule encore (22%, -15points). On observe une disparité de profils parmi les Français qui doutent de ce service : 4 personnes sur 5 estiment ainsi qu’elles sont moins efficaces parmi les 65 ans et plus (87%), les 50-64 ans (79%), les habitants de petites villes (81%), ceux de zones rurales (79%) et les femmes (79%).
- 49% des Français en ont une bonne opinion et c’est 14 points de moins qu’en juin 2020. Pour autant, les bonnes opinions à l’égard de la télémédecine sont bien plus élevées chez les Français ayant déjà effectué une téléconsultation (72%), les cadres (65%), les 18-24ans (63%), les 25-34 ans (60%), les habitants de l’agglomération parisienne (54%) et les hommes (52%).
- 50% des Français en ont une mauvaise opinion et les jugements négatifs exprimés sont encore plus importants chez les 65 ans et plus (63%), les habitants de petites villes (54%), de zones rurales (53%), les ouvriers (53%), les 50-64 ans (52%) et les femmes (52%)
Un regard positif sur “Mon Espace Santé”
6 Français sur 10 (57%) ont l’intention d’activer le service de l’Assurance Maladie « Mon espace santé » dans les prochains mois et ils expriment une confiance majoritaire à l’égard des apports potentiels de cette nouvelle plateforme.
Suite à une présentation du service, 57% des Français se sont déclarés favorables à activer leur espace personnel sur « Mon espace santé ». A titre de comparaison, le “Dossier Médical Partagé” lancé en 2004, n’avait pas réussi à séduire : seuls 10 millions de dossiers avaient été activés pour 68 millions d’assurés.
L’intérêt pour ce nouveau service est significativement plus élevé auprès des populations plus technophiles que sont les cadres (76% comptent activer leur espace santé), les 18-24ans (64%), les 25-34 ans (68%), les habitants de Métropoles (60%) et les hommes (60%).
Les avantages de « Mon espace santé » sont bien identifiés par les Français :
- faciliter la prise de rendez-vous avec les professionnels de santé (69%)
- faciliter leurs échanges avec les professionnels de santé via la messagerie sécurisée (64%)
- améliorer le suivi de leur santé (63%)
- simplifier l’accès à la santé des Français (62%)
Il existe toutefois des réserves concernant la capacité de ce service à assurer la confidentialité des données de santé : seuls 54% des Français font confiance à « Mon espace santé » en la matière, contre 45% qui ne lui font pas confiance.
Une méfiance persistante autour de la e-santé
En 4 ans, la part de Français estimant que le développement de la e-santé est une source d’espoir est devenue minoritaire dans la population (44%,-19 points), quand le grand public estime désormais majoritairement qu’elle est plutôt une source de crainte (55%, +19points). Le basculement de l’opinion sur ce sujet est à souligner et il caractérise la « crise de croissance » à laquelle est confrontée la e-santé : son énorme progression dans les usages n’a pas été accompagnée de bénéfices d’image, celle-ci s’est même détériorée.
La défiance a progressé à l’égard de la e-santé alors même que celle-ci a pris une place de plus en plus importante dans le quotidien des Français. Pour se développer efficacement, la e-santé va devoir rassurer les plus réticents sur sa pertinence et son efficacité, garantir la sécurité des données de santé, offrir aux Français une relation de confiance et de fiabilité aussi riche que la médecine in situ. Pour relever ces défis, il pourra être opportun de s’appuyer sur les cadres (63% d’entre eux jugent que la e-santé est une source d’espoir), les 18-24 ans (58%) et les 25-34 ans (53%) alors qu’il faudra lever les plus grandes inquiétudes des 50-64 ans (61% disent que la e-santé est source de crainte), des 65 ans et plus (58%), des employés et ouvriers (57%), des habitants de petites villes (62%) ou de zones rurales (57%), et des femmes (59%).
Source : Odoxa