La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de publier un guide inédit consacré à l’IA générative en santé, intitulé « L’IA générative en santé : oui, avec un usage responsable ». Décryptage.
Dans un contexte où l’usage d’outils tels que ChatGPT, CoPilot ou Mistral AI connaît un essor rapide, y compris dans les secteurs sanitaire, social et médico-social, cette initiative apporte des éléments de réponses aux acteurs de santé.
Ce guide, volontairement concis, propose quatre lignes directrices regroupées sous l’acronyme A-V-E-C (Apprendre, Vérifier, Estimer, Communiquer). Il s’adresse aux professionnels de santé, qu’ils soient familiers ou non avec l’IA. Par cette publication, la HAS pose la première pierre d’un cadre de confiance pour l’utilisation des systèmes d’IA à usage professionnel.
La HAS indique que ce guide « s’inscrit dans le cadre de son projet stratégique 2025-2030 de la HAS et en particulier de la thématique phare Numérique et IA en santé. Il a vocation à contribuer au développement d’un cadre de confiance des usages de l’IA en santé, à l’appropriation par les utilisateurs des technologies utiles, à l’accompagnement des usages pertinents et à l’amélioration des pratiques professionnelles. »
Apprendre : se former pour mieux piloter les outils
Le guide invite les professionnels à s’approprier le fonctionnement et les usages de ces systèmes. Il recommande notamment de se renseigner auprès de sources fiables, de bénéficier de formations et de tester les outils avant diffusion dans les pratiques. Cette étape vise à sensibiliser aux spécificités du fonctionnement des IA génératives et à en limiter les dérives.
Vérifier : garder le contrôle, rester vigilant
L’un des risques majeurs identifiés est celui des « hallucinations », c’est-à-dire la production par un système d’IA de contenus erronés qui peuvent paraître crédibles. Le guide rappelle la nécessité de vérifier systématiquement les contenus générés, de ne pas y diffuser d’informations confidentielles, et de ne pas considérer l’outil comme une abstraction autonome. La part non IA dans la pratique reste essentielle.
Estimer : mesurer la pertinence et l’intégration dans le parcours
Il ne suffit pas d’utiliser l’outil : il faut en évaluer sa valeur ajoutée, son intégration dans le flux de travail, et suivre les indicateurs de performance (corrections apportées, gain de temps, satisfaction des utilisateurs). Cette approche vise à éviter un effet « gadget » ou un déploiement sans bénéfice concret.
Communiquer : partager, transparence, accompagnement
Le dernier pilier insiste sur la communication autour de l’usage de l’IA générative : échanges entre professionnels, retour d’expérience, transparence vis-à-vis des patients ou usagers. Cette dimension collaborative est essentielle pour bâtir une culture collective et éviter l’isolement dans l’utilisation.
Au-delà de ces lignes directrices, la HAS annonce que le guide sera complété par une fiche destinée aux usagers. Elle prévoit également des recommandations pour les établissements et professionnels de santé sur l’usage de l’IA en soins. Cette démarche s’inscrit dans la note de cadrage plus large de la HAS dédiée aux technologies d’IA.
Pourquoi ce guide est-il stratégique ?
Le moment est opportun : les outils d’IA générative se démocratisent vite et leur usage s’étend au secteur santé (transcription de consultations, aide à la synthèse documentaire, génération d’images explicatives, etc.) Le guide de la HAS apparaît comme une réponse de régulation faisant le lien entre opportunités et risques : gain de temps, meilleure qualité de vie au travail, fluidification des parcours vs biais, erreurs, perte de contrôle et questions de souveraineté.
La publication marque un signal fort pour les établissements de santé, les industriels, les praticiens et les acteurs de la e-santé : il ne s’agit plus d’expérimentation isolée, mais d’un cadre qui se structure. Pour le secteur de la communication santé, cet outil devient une référence à intégrer dans les discours : « oui à l’IA générative, mais dans un usage responsable ».
Points clés à retenir :
- L’IA générative ne remplace pas le professionnel : elle l’assiste, l’accompagne, mais le maître d’usage reste l’humain.
- La mise en œuvre nécessite une gouvernance forte, des indicateurs clairs et une transparence vis-à-vis des patients.
- Le cadre A-V-E-C peut devenir un référentiel opérationnel dans les projets IA générative.
- Les communicants doivent veiller à ce que les messages ne fassent pas de promesses technologiques démesurées et fassent ressortir la notion d’usage contrôlé et supervisé.
Source : Haute Autorité de Santé (HAS)