IA, prévention et parcours de soins : la France prête pour Neko Health ?

Neko Health, la start-up suédoise fondée par Daniel Ek (Spotify), accélère au Royaume-Uni avec l’ouverture d’un centre à Manchester après Londres. Son check-up corps entier assisté par IA, restitué en quelques minutes, séduit un public prêt à investir dans la prévention. La France sera-t-elle la prochaine étape ? Découverte.

Après deux centres à Londres, Neko Health vient d’ouvrir une adresse à Manchester, avec l’ambition affichée de démocratiser un check-up préventif assisté par l’IA, rapide et grand public. Cette accélération outre-Manche pose une question évidente pour l’écosystème français : quand, et à quelles conditions, le modèle Neko pourrait-il s’implanter en France ?

Neko Health se présente comme une « clinique de prévention » adossée à une technologie propriétaire de scan corps entier. En une séance de quelques dizaines de minutes, la plateforme capte des millions de points de données sur la peau, les paramètres cardio-métaboliques et la morphologie, puis restitue immédiatement les résultats dans le cadre d’un entretien médical. La promesse, résumée par la marque, tient en trois mots : rapide, complet, actionnable.

Le choix de Manchester confirme l’option d’un maillage territorial au-delà de Londres, avec une capacité annoncée de 20 000 scans par an et une liste d’attente déjà étoffée. La nouvelle adresse s’insère dans un réseau qui localise désormais des centres à Marylebone, Spitalfields et Manchester – Lincoln Square. Pour Neko, il s’agit d’installer des usages de prévention « grand public » à l’échelle locale, en capitalisant sur l’appétence d’un public prêt à payer pour un premier bilan sans passage par l’hôpital.

Derrière le vernis technologique, Neko revendique une approche très médicale du parcours : un médecin conduit l’évaluation et interprète les données, l’outillage comprend un panel d’examens non invasifs, et l’entreprise met en avant une expérience « sans précipitation » avec restitution immédiate. Le positionnement mêle codes de la consumer health et exigences de la pratique clinique, à partir d’équipes européennes et de centres opérés en propre.

Bientôt en France ?

Le marché hexagonal coche plusieurs cases favorables : un système sous tension qui cherche à déplacer le curseur vers la prévention, un tissu dense de complémentaires santé et d’assureurs susceptibles de packager des bilans, et des patients familiers d’outils numériques de premier recours.

Mais l’atterrissage impose des prérequis concrets. L’infrastructure technique devra respecter l’hébergement de données de santé certifié HDS et un cadre RGPD/CNIL exigeant. L’intégration au parcours suppose une articulation claire avec les médecins traitants et les structures de ville. Le modèle économique, enfin, devra trouver sa place entre paiement direct, partenariats avec mutuelles et éventuelles offres entreprises, dans un contexte où la prévention est encore peu remboursée.

Le débat médical ne manquera pas non plus : comment maximiser la valeur clinique du triage préventif sans alimenter le surdiagnostic ? Comment documenter la performance réelle des algorithmes et l’impact sur les parcours, au-delà de la satisfaction utilisateur ? Comment éviter de creuser la fracture d’accès entre urbains aisés et territoires sous-dotés ? Autant de points qui exigeront transparence méthodologique, protocoles d’orientation et indicateurs suivis dans le temps.

Pour l’écosystème français du numérique en santé, l’arrivée de Neko Health serait un révélateur autant qu’un accélérateur. Révélateur, parce qu’elle mettrait à l’épreuve la capacité à intégrer des offres de prévention data-driven dans un cadre de confiance, interopérable et sécurisé. Accélérateur, parce que la compétition pousserait les acteurs historiques et les start-ups locales à clarifier leurs propositions de valeur, leurs preuves cliniques et leurs modèles partenariaux, du cabinet de médecine générale aux complémentaires, en passant par les plateformes de télésanté.

À court terme, l’Angleterre sert de laboratoire à ciel ouvert pour cette nouvelle génération de « check-up » intelligents. Si l’expérience confirme sa valeur clinique et organisationnelle, la France apparaît comme une extension naturelle du terrain de jeu européen de Neko. Mais le succès ne se décrètera pas par la marque ou la technologie : il se construira sur l’acceptabilité médicale, la robustesse réglementaire et l’évidence d’un bénéfice patient mesurable.

Source : Neko Health

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