Techtomed a organisé le 5 juillet dernier le 1er évènement français d’ambition internationale dédié aux nouvelles thérapies numériques : DTx France. Retour sur un événement qui fera date.
Organisé un événement entièrement dédié aux thérapies numériques étaient un pari ambitieux de Techtomed, cabinet de conseil et de développement spécialisé dans la e-santé. Pari réussi avec plus de 200 participants sur place ou à distance et de nombreux échanges, notamment sur twitter avec le hashtag #DTxFrance.
Le marché des thérapies digitales (ou thérapies numériques ou DTx) est en plein essor. Selon le cabinet Juniper Research, le marché des DTx devrait atteindre en effet un chiffre d’affaires mondial de 32 milliards de dollars en 2024, contre 2 milliards aujourd’hui. Dans un rapport établi par IQVIA Intitute, 250 solutions DTx sont répertoriées dont 150 déjà disponibles, les autres étant toujours en développement.
Cet événement a permis de comprendre, découvrir, partager, échanger sur l’essor des Thérapies Numériques (DTx) en France. Un vrai succès !
Des tables-rondes pour décrypter le sujet
Définition et avancées des thérapies numériques en France
La première table-ronde de la journée “Digital Health et Digital therapeutics : où en est-on en France ? Histoire, définitions, avancées…” était animée par Céline Sportisse (Club Digital Santé) avec la participation de Thomas Borel (Leem), Pierre Leurent (Voluntis), Hélène Moore (Etypharm Digital Therapeutics) et Edwige Bénis (IQVIA)
L’exemple allemand a été mis en avant avec le DIGA qui permet de favoriser le déploiement des thérapies numériques. On enregistre aujourd’hui 33 DTx sur le marché avec plus de 50 000 prescriptions en 1 an suite à la mise en place de ce système. Sur les DTx en elles-mêmes on observe une vraie différence entre les 2 pays : des solutions stand alone comme Deprexis en Allemagne et plutôt des solutions de télésurveillance en France comme Moovcare.
Quelques facteurs clés de succès ressortent des échanges : gestion et sécurisation des données, interopérabilité, formation des professionnels de santé et accompagnement des patients. Il existe également quelques freins comme le manque d’harmonisation européenne dans l’évaluation pour la mise sur le marché.
Hélène Moore a conclut les débats avec une vision très optimiste : dans 10 ans on aura tous été exposé à une thérapie numérique !
Les enjeux de l’accès au marché
Les enjeux réglementaires et économiques pour l’accès au marché sont importants pour les thérapies numériques. Un débat animé par Franck Le Meur (Techtomed) avec la présence d’Armelle Graciet (Snitem), Daphné Petrich, Stéphane Tholander (France Biotech), Corinne Collignon (HAS) et le Pr Pierre Philip (CHU Bordeaux).
Un élément important a été mis en avant d’un point de vue de la HAS : une thérapie numérique doit apporter de réels bénéfices, améliorer l’organisation du parcours patient et de la pratique médicale. L’enjeu de ces solutions est de ne pas complexifier la prise en charge du patient mais d’apporter une véritable aide au praticien pour gagner du temps souligne le Pr Philip.
La mise en place du nouveau règlement européen sur les dispositifs médicaux apparait comme un possible frein au développement des DTx et plus globalement à l’innovation en santé.
La question de l’ouverture de la prescription à d’autres professionnels de santé que les médecins a également été abordée : pharmaciens, infirmières…
Les développement des usages
Animée par Cécile Carron de la Carriere, la table-ronde “Les DTx dans la vraie vie : comment les faire connaitre et en développer les usages ?” a permis de parler des usages avec Etienne Lepoutre (Bliss), Dr Sophie Bonnin (Fondation Rothschild), Alexandre Capet (Bayer) et Isabelle Laforgue (Astrazeneca).
Aujourd’hui le sujet des DTx est peu connu des professionnels de santé comme le démontre une étude présentée par Vidal qui montre que 46% des médecins e connaissent pas du tout les DTx et 9% des médecins seulement déclarent en avoir utilisé ou prescrit à leurs patients. Il reste donc un gros travail d’accompagnement à mettre en oeuvre pour développer des usages. Il existe toutefois un intérêt pour ces nouvelles thérapies avec 30% des médecins qui sont intéressés et 46% qui y voient un intérêt ponctuel.
Lors des échanges,
D’autres sujets ont été abordés comme l’évaluation des solutions, les avantages en terme de temps pour les praticiens, mise en avant des preuves cliniques, l’adoption par la rémunération ou l’intégration dans le parcours patient.
Les stratégies de développement
Edouard Gasser, CEO de Tilak Healthcare, a animé des échanges autour des stratégies de développement des DTx avec (Ludocare). Le sujet des collaborations entre start up et grands groupes a notamment été abordé en pointant les difficultés rencontrées notamment les décalages de timing dans les délais de prise de décision ou de déploiement.
Noémie Parker a rappelé que “
D’autre thématiques ont été traitées comme les notions de responsabilités, la création de co-dépendance et la stratégie commerciale avec un parallèle avec la stratégie déployée par un acteur comme Doctolib.
Des keynotes pour comprendre l’écosystème
Megan Coder, Directrice executive de Digital Therapeutics Alliance a lancé l’évènement en revenant sur les fondamentaux des thérapies numériques. Elle nous a donné une définition de ce qu’est une thérapie numérique avec une définition assez simple : “Les thérapies numériques (DTx) fournissent aux patients des interventions thérapeutiques fondées sur des données probantes (evidence-based) et pilotées par des logiciels de haute qualité pour traiter, gérer ou prévenir un trouble ou une pathologie. Elles sont utilisées indépendamment ou avec des médicaments, des dispositifs ou d’autres thérapies pour optimiser les soins aux patients et les résultats en matière de santé.”
Concernant la diversité de ces thérapies, Megan Coder a présenté certains cas d’usages comme fournir des programmes personnalisés de traitement, de gestion et de prévention des maladies, proposer des thérapies pour traiter les comorbidités, les effets secondaires ou les pathologies connexes, fournir des traitements qui produisent des changements neurologiques directs, offrir une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et d’autres traitements fondés sur des preuves ou encore améliorer, soutenir et optimiser les traitements en face-à-face et médicamenteux.
Elle est également revenue sur l’émergence des premières thérapies numériques et la création de la Digital Therapeutics Alliance pour mobiliser les acteurs et favoriser le déploiement de nouvelles solutions.
En fin de matinée, le Pr Fabrice Denis est revenu sur les guidelines internationales en oncologie et notamment les recommandations sur la télésurveillance en oncologie. Il a décrypté les nombreuses publications scientifiques autour de ce sujet (notamment présentées à l’ASCO) et présenté le nouveau score MDS (medical digital solution score) basé sur 26 critères de qualité à partir de la littérature, recommandations, retours d’expérience médecins, patients, experts et startup.
Après la pause déjeuner, le Pr Antoine Tesnière, Directeur de PariSanté Campus, a présenté la French Care, communauté pour fédérer les acteurs Français de la santé et mettre en avant l’excellence Française.
La French Care a vocation à agréger l’ensemble de l’écosystème autour d’une identité forte, pour créer des synergies dans une compréhension mutuelle et un dialogue renforcé. Startups, grands groupes, publics, privés, organismes de soins, laboratoires, soignants, patients, instituts de recherche, universités… tous réunis à travers une idée commune de l’excellence en santé.
Le Pr Tesnière est “convaincu que pour mieux répondre aux défis actuels, les acteurs de la santé ont besoin de se fédérer, dans toute leur diversité, autour d’une identité reconnue. En réunissant l’ensemble des acteurs de l’écosystème, La French Care favorise la croissance et le développement de projets innovants, de collaborations entre acteurs, notamment publics et privés, ainsi que de toutes les entreprises de santé “.
Il a notamment évoqué l’étude économique fondatrice de la French Care, produite par les Acteurs de La French Care en collaboration avec le cabinet Asterès : « Le CARE : Une contribution majeure à l’économie française ».
Co-fondateur et CEO de Wellthy Therapeutics, Abhishek Shah a fait un retour d’expérience du déploiement des thérapies numériques en Asie. Son éclairage a permis de mieux comprendre l’accès au marché et les usages dans cette partie du globe
Pour clôturer cette journée riche, David Sainati, Directeur des projets e-santé à la Délégation ministérielle du Numérique en Santé et coordinateur interministériel de la stratégie d’accélération santé numérique dans le cadre de France 2030, a dressé un point date sur cette stratégie.
Des premières actions autour de la formation des professionnels de santé ont été lancées :
Il est également revenu sur le guichet G_Nius pour accompagner les entrepreneurs dans le déploiement de solutions et notamment des thérapies numériques.
Les start-up sous les projecteurs
Tout au long de la journée 9 start-up ont pu présenter leurs solutions dans un village dédié aux participants. Chacune a pu pitcher sur la scène principale avec 3min pour convaincre. L’occasion de découvrir des thérapies digitales innovantes et d’échanger avec des entrepreneurs motivés.
Music Care : dispositif médical pour réduire la douleur et l’anxiété via des algorithmes de composition musicale
Bliss DTx (Digital Therapeutics) : solutions et services de thérapie numérique pour la prise en soin de la douleur à l’hôpital et tout au long du parcours des patients.
Moovcare® : plateforme de télésurveillance basée sur un algorithme intelligent permettant de connecter les patients atteints de cancer du poumon et leur équipe médicale.
Ludocare propose la 1ère thérapie digitale personnalisée dans l’asthme pédiatrique, qui améliore l’observance et le bon usage des traitements.
MoveUP développe des solutions de soins à distance dans les domaines de l’orthopédie, obésité/bariatrie, cardiologie, oncologie, neurologie et BPCO.
Mila est une société spécialisée dans le développement d’outils de rééducation par la musique à destination des enfants ayant des troubles « dys ».
Cureety commercialise un dispositif médical logiciel marqué CE permettant la surveillance à distance et l’optimisation de la prise en charge de pathologies chroniques complexes, au premier rang desquelles le cancer.
Alira Health avec BePatient, développe et commercialise une plateforme e-santé flexible et modulable qui place le patient au centre du dispositif .
Continuum+ conçoit et met en œuvre des solutions d’accompagnement à destination des patients atteints de maladies chroniques et traités à domicile.