Covid-19 : un accélérateur de la téléconsultation en France

La crise sanitaire actuelle accélère la transformation digitale du monde de la santé et l’ensemble de ses acteurs. La téléconsultation a connu une accélération de son déploiement et des usages. Décryptage.

Après un bilan mitigé en 2019, la crise sanitaire a accéléré le déploiement et les usages de la téléconsultation en France. Au cours de cette période, l’assouplissement du cadre réglementaire a permis d’enregistrer une croissance record avec 1 million de téléconsultations par semaine entre fin mars et début mai.

On a notamment observé une multiplication des acteurs et des initiatives pour permettre le déploiement de la téléconsultation : des acteurs historiques de la télémédecine (MédecinDirect, Hellocare…), des plateformes dédiées (Doctolib, Qare, MesDocteurs…), des initiatives régionales en milieu hospitalier (Ortif, TéléO…), des plateformes développées par les assureurs et mutualistes (BonjourDocteur…)…

Pour permettre aux professionnels de santé de s’y retrouver parmi tous ces acteurs, le ministère de la santé met à disposition un référentiel des solutions de télésanté existantes avec un volet spécifique à l’équipement des professionnels en outils de téléconsultation.

De nombreux patients et médecins ont adopté ce mode de consultation médicale à distance pour respecter la distanciation sociale et le confinement. Avec le déconfinement, les consultations médicales traditionnelles reprennent et inévitablement réduisent le recours à la téléconsultation.

Cependant l’Assurance Maladie a enregistré au cours des mois de juillet et août une moyenne de 150 000 actes de téléconsultation par semaine, signe que certains usages perdurent. Les téléconsultations constituent aujourd’hui environ 10% de l’ensemble des consultations médicales (contre 0,1% en 2019).

Pour poursuivre ce déploiement, l’association Les Entreprises de Télémédecines (LET) proposent « dans le cadre d’une expérimentation de trois ans à travers un “article 51”, de rendre systématique le remboursement des téléconsultations pour les patients les plus en difficulté dans leur accès aux soins : résidant dans les déserts médicaux, sans médecin traitant, assurés CSS ou AME. ».

L’avant-projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 prévoit de prolonger la prise en charge intégrale de la téléconsultation “jusqu’au 31 décembre 2022”. Une mesure pour capitaliser sur les usages créés et permettre un véritable décollage de la téléconsultation en France.

Portrait-robot des utilisateurs de la téléconsultation

Quel est le profil sociodémographique des Français qui ont recours à la téléconsultation ? Quel âge ont-ils ? Pour quels motifs et pour quel type de maladie téléconsultent-ils ? Pour qui consultent-ils en ligne (enfant, conjoint, parents, etc.) ? Quelles sont les régions les plus ou moins concernées ?

Pour répondre à ces questions, l’acteur de téléconsultation Maiia (Cegedim) a dressé le portrait-robot du Français qui téléconsulte via une étude nationale sur les Français et la téléconsultation en 2020. Cette étude, réalisée en partenariat avec CSA, a permis d’évaluer la perception des Français au sujet de la téléconsultation, d’analyser leurs usages, les raisons et les freins d’utilisation.

A retenir :

Près d’1/3 des Français a recours à la téléconsultation ; ils ont entre 35 et 49 ans.

  • 53,1% des patients sont des femmes.
  • La région Ile-de-France, eu égard à sa superficie par rapport aux autres régions, est la région où la téléconsultation est la plus répandue (24%).
  • De mai 2019 à mai 2020, les Français ont téléconsulté en moyenne 2 fois.
  • Parmi ceux qui ne l’ont pas encore pratiquée, ils sont 56,6% à avoir l’intention d’y recourir prochainement (69% chez les 35-49 ans).
  • Chez les plus de 50 ans, ils sont 25,4% à la pratiquer, un chiffre équivalent à la tranche d’âge des 25-34 ans avec 25,6%, contre 16,3% chez les jeunes de 18-24 ans.
  • 61,2% des patients en téléconsultation ont au moins un enfant de moins de 18 ans contre 38,8% sans enfant de moins de 18 ans.

L’étude a également permis de dresser le profil-type du Français qui a recours à la téléconsultation.

En 2020, il s’agit d’une femme de 40 ans qui réside en Ile-de-France, vivant avec au moins un enfant de moins de 18 ans. Ses principales motivations sont le gain de temps (51%) et la rapidité de la prise de rendez-vous en cas de symptômes ou sur recommandation de son médecin.

Le gain de temps (51%) et la rapidité de la prise de rendez-vous (43%) sont les principaux avantages perçus par les Français qui téléconsultent.

Parmi les Français qui ont un état de santé fragile, 24,5% des téléconsultants déclarent avoir une maladie chronique.

Pour ceux qui déclarent être en bonne santé, ils sont 43,3% à téléconsulter simplement en cas de symptômes, 29% sur recommandation de leur médecin traitant et 23% sans avoir de soucis particuliers de santé (renouvellement d’ordonnance, attestation, etc.)

De manière générale, 54,7% des téléconsultants choisissent cet outil pour gagner du temps dans leur journée, et 44,7%, pour obtenir un rendez-vous plus rapidement. Si dans 44,9% des cas, ce sont les médecins qui ont incité à la téléconsultation, 28,6% des patients l’ont spontanément utilisée.

Aujourd’hui, la principale raison de non-utilisation de la téléconsultation est l’absence de contact direct avec le professionnel de santé. Cette raison est d’ailleurs citée 47% du temps par 26,4% des Français qui prévoient d’arrêter la pratique.

La télémédecine plébiscitée par les jeunes générations

La période sanitaire inédite que nous vivons a conforté les bénéfices de la télémédecine. La jeune génération ultraconnectée des 18-24 ans plébiscite la télémédecine. En effet, cette génération dite « digital native » évolue dans le tout numérique tout en restant à domicile et en limitant les interactions sociales. Les applications et outils numériques leur permettent de mener cette vie « à distance » (achats e-commerce, rendez-vous via les applications Zoom, applications de rencontres, recherche professionnelle online…).

Selon l’étude OpinionWay, commandée en juillet dernier par le site de télémédecine Maquestionmedicale.fr, 71% des 18-24 ans sont favorables au développement de la télémédecine. Et 44% d’entre eux apprécient de ne pas avoir à se déplacer en ayant recours aux téléconsultations.

Sources : Caisse Nationale Assurance Maladie, Maiia, Maquestionmedicale.fr

Articles Similaires

Média : le podcast natif de plus en plus plébiscité par les Français

ErgoSanté lance un nouvel exosquelette dédié au secteur de la santé

Chronique : Plongée dans le monde des organoïdes