L’ACSEL, l’association de l’économie numérique, a dévoilé les résultats de son premier baromètre Data & IA en santé réalisé par l’Institut Toluna qui propose une analyse de l’essor de l’IA en santé, examinant ses conséquences pour l’organisation du système de soins, la confiance et les usages des patients, ainsi que les offres des acteurs privés.
L’intelligence artificielle n’est plus une promesse future, mais une réalité quotidienne dans les établissements de santé. Selon le Baromètre Data & IA en santé 2025, publié par l’ACSEL en partenariat avec Toluna, 90 % des professionnels de santé utilisent déjà des outils basés sur l’IA dans leur pratique. Un taux d’adoption inédit, qui dépasse largement celui observé dans d’autres secteurs technologiques.
Cette révolution est pourtant largement invisible aux yeux des patients : 40 % des Français ignorent si leur médecin utilise l’IA, et 20 % pensent qu’il ne le fait pas. Pourtant, 84 % des patients souhaitent être informés, alors que seul un praticien sur deux déclare en parler à ses patients, et moins d’un sur cinq de manière pédagogique.
Les bénéfices perçus de l’IA sont multiples : efficacité accrue (85 %), amélioration du diagnostic (61 %), gain de temps et soutien à la prise de décision. L’IA intervient à toutes les étapes du parcours de soins : aide au diagnostic (52 %), formation continue (43 %), organisation du travail (37 %). Pourtant, 53 % seulement des professionnels estiment que l’IA a réellement transformé leur pratique.
Mais cette montée en puissance s’accompagne d’un besoin criant de formation : seuls 37 % des professionnels se disent bien formés, et plus de 90 % expriment un besoin accru de formation et d’information.
La confiance dans les outils d’IA est relativement élevée chez les professionnels (77 %), mais bien moindre chez le grand public (58 %). Le risque perçu de fuite de données, les dérives éthiques et la qualité des résultats restent des freins majeurs à l’adoption, aussi bien du côté médical que citoyen.
Un cadre de régulation attendu… et réclamé
L’étude met en lumière un consensus : 91 % des professionnels souhaitent un cadre clair, contrôlé et encadré. L’encadrement des risques, la supervision humaine (jugée indispensable à 96 %) et la mise en place d’un système de déclaration des événements indésirables graves liés à l’IA (91 % favorables) figurent parmi les attentes prioritaires du corps médical.
En parallèle, les Français sont 80 % à vouloir être informés des bénéfices et risques de l’IA, et plus d’un sur deux se dit favorable à une utilisation plus importante de l’IA dans leur prise en charge, notamment à l’hôpital.
L’IA générative fait déjà son chemin… 93 % des professionnels de santé utilisateurs d’IA déclarent utiliser des outils d’IA générative, tels que ChatGPT ou Copilot. Ces solutions sont déjà mobilisées pour la rédaction de documents médicaux, l’aide à la compréhension, ou encore la préparation de comptes rendus.
Mais leur conformité réglementaire reste sujette à débat : seuls 55 % des professionnels jugent ces usages pleinement conformes, notamment lorsqu’ils impliquent des données sensibles ou le diagnostic automatisé.
Le baromètre 2025 révèle un paradoxe central : l’usage de l’IA en santé est massif, rapide, intégré, mais encore peu visible, peu compris et peu encadré. Comme le résume David De Amorim, co-Président du Club Santé de l’ACSEL : “J’ai accompagné les grandes transformations numériques : Internet, mobile, réseaux sociaux, big data… Mais je n’ai jamais vu un tel niveau d’adoption d’une nouvelle technologie en si peu de temps, et encore moins dans un secteur professionnel. C’est la première fois que l’on observe une montée en usage aussi fulgurante. Tout le monde a désormais les mains sur le volant de l’IA ; mais avons-nous tous le bon permis, la bonne formation, pour l’utiliser en toute sécurité sur les routes de la santé ?”
La transformation est en marche. Reste à construire la confiance, la transparence et la compétence pour faire de l’IA un véritable levier d’excellence et d’humanité dans le système de santé.
En synthèse à retenir :
- 90 % des professionnels de santé utilisent l’IA
- 45 % des Français y ont recours dans un cadre santé
- 84 % souhaitent être informés de son usage par les soignants
- 91 % des professionnels réclament un cadre réglementaire clair
- Seuls 37 % se sentent bien formés à l’IA
Source : ACSEL