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A la rencontre de Lionel Reichardt alias PharmaGeek

par Rémy Teston

[review]

Régulièrement , je vous propose de partir à la rencontre d’un acteur du digital santé en France.

Aujourd’hui, partons à la rencontre d’un des principaux e-influenceurs du digital santé et de l’e-santé en France : Lionel Reichardt, plus connu sous le nom de PharmaGeek.

Bonjour Lionel. Peux-tu te présenter brièvement ?

PharmageekBonjour Rémy et merci pour cette interview. Difficile de savoir par ou commencer. Ceux qui me connaissent ou qui me suivent sur les réseaux sociaux savent que je suis un boulimique d’activités.

Pour le dire simplement, je crois que je suis un explorateur de la E-transformation de la santé. En tout cas c’est comme ça que j’ai voulu positionner la société que j’ai créée l’année dernière : 7C’S HEALTH.

Sept « C » pour reprendre des notions qui me semblent fondamentales dans les changements actuels en santé.

  • Continuum, pour décloisonner la santé et au plus proche du parcours patient
  • Convergence, pour insister sur l’importance de construire de solutions parfois en couplant plusieurs technologies ou expertises
  • Compliance car elle est essentielle dans notre secteur
  • Customer car j’ai toujours eu une orientation client très forte
  • Community, car je crois à la notion et à la force de la communauté
  • Communication, elle est essentielle en santé, elle doit être fiable et accessible à l’heure du web
  • Co-création car la santé de demain se construira à plusieurs ou ne se construira pas.

Enfin 7C’S HEALTH en anglais à la même sonorité que « Seven Seas » : les « Sept Mers ». Nous devons aujourd’hui dessiner les cartes de la santé de demain avec de nouveaux territoires et usages ouverts par les nouvelles technologies…

Ce sont les valeurs qui me guident pour accompagner mes clients et partenaires sur les missions et projets que je mène.

Ces convictions je les porte aussi au sein de quelques structures dont je fais aussi partie comme Medappcare sur l’évaluation des applications mobiles en santé avec David Sainati et Umanlife un carnet de santé 2.0 doublé d’un coach personnalisé fondée par Alexandre Plé.

Pour moi c’est important d’être au plus proche de l’opérationnel pour garder un esprit pragmatique sur les sujets E santé. Cela correspond aussi aux valeurs qui me sont chères comme l’amitié, le partage et le travail en équipe.

C’est d’ailleurs ce qui fait que j’ai rejoint le Club Digital Santé voilà près de 3 ans. J’en profite pour saluer ton rôle essentiel dans l’organisation du CDS et la qualité de chacun des « gentils organisateurs » du club…

Pharmageek m’apporte aussi de beaux moments et de belles rencontres.

 

Peux-tu nous dire quelques mots sur ton blog Pharmageek?

L’histoire de Pharmageek a réellement démarré début 2012 avec le premier Scoop-it sur la E-santé.

Après 15 années passées dans l’industrie pharmaceutiques à des postes de direction commerciales, marketing/ventes ou supply chain, j’ai été confronté à ma deuxième fusion et mon premier plan social.

A 40 ans j’ai fait le constat que je ne voyais plus de clients, que je ne travaillais qu’à court terme, que le sens de ce que l’on me demandait était de plus en plus difficile à trouver y compris pour mon management et mes collègues ou collaborateurs et j’avais le sentiment que nous, industrie de santé, passions à côté de deux choses essentielles : le digital et le client.

J’ai donc choisi de partir et d’aller faire un MBA en E-business et en parallèle à cela je me suis intéressé à la e-santé et aux réseaux sociaux.

A l’époque je n’étais ni sur Facebook, ni sur Twitter…j’avais 26 contacts sur Linkedin…

Il faut dire qu’en plus de travailler beaucoup, j’ai trois enfants avec qui j’adore passer du temps.

J’ai plus de 23 000 followers désormais et près de 2500 contacts sur Linkedin…et j’en suis toujours le premier surpris.

Comme tu le sais j’ai commencé par la Curation. Du premier magazine sur scoop it, 14 autres sont venus le rejoindre accompagnant ainsi mon souhait de rendre le suivi plus simple pour les lecteurs et mieux structurer ainsi ma veille.

En 2013 je me suis rendu à la silicon valley pour rencontrer des startups e santé..c’est à ce moment là qu’est né Pharmageek.fr même si le blog était déjà créé depuis plusieurs mois.

(Pour info au mois de Juin prochain nous retournons à la SIlicon Valley avec un groupe pour une learning expedition Esanté de l’Atelier …j’avoue être impatient et je la recommande à tous ceux qui s’intéressent à la e santé…)

« J’avais des choses à dire. C’est surement prétentieux. Mais je ne voulais pas être qu’un « pousseur » d’informations. »

Mais je suis un blogueur irrégulier, relativement indiscipliné. C’est pour ça que je vais développer une partie « collectif » sur Pharmageek pour permettre à d’autres de publier du contenu via mes canaux et bénéficier ainsi de ma communauté.

Par ailleurs heureusement que @chanfimao (le formidable Chanfi Maoulida) m’aide sur la partie technique. Début 2015 le site a été hacké et nous avons du le fermer près de 2 semaines pour le remettre d’aplomb. J’ai aussi un groupe d’étudiants du MBA MCI qui travaille avec moi pour développer la prochaine version et mener à bien quelques projets que j’ai en tête.

Aujourd’hui entre Scoop it et Pharmageek on tend vers 60 000 pages vues/mois, près de 1500 abonnés sur les revues et 3 000 visiteurs uniques sur le site chaque mois.

logo_pharmageek_5001

Blogueur et observateur du digital santé depuis de nombreuses années, quel regard portes-tu sur la blogosphère santé ?

La blogosphère en elle même j’en pense le plus grand bien.

Si il s’agit de blogs, il y en a finalement peu. Toi bien sûr, Fabrice (Vezin) et quelques blogs d’entreprises comme Orange Healthcare ou Doctors 2.0 de Denise Silber…

Puis les blogueurs Anglo saxons… j’adore Andrew (Spong) ou Pharmaguy.

Mais concernant la e santé on tourne un peu en rond. Beaucoup d’autres acteurs arrivent et les think tanks, les incubateurs, les blogs vont se multiplier. J’ai peur que cela créé une lassitude ; un sentiment de mode ou d’habitude et que cela desserve finalement le sujet en lui même. Il en va de même des conférences ou des rendez vous sur le thème de la e-santé.

Mais à chacun d’en juger et de choisir les espaces qui lui semblent dignes d’intérêt…

 

Pour finir, comment vois-tu évoluer l’e-santé, et plus spécifiquement le digital santé, dans les années à venir en France ?

J’ai un peu répondu au dessus… mais j’ai conscience surtout que le « digital santé » regroupe une multitude d’activités et d’acteurs et que de l’aborder en global ne permettra pas d’avancer.

Pour les clients et partenaires que j’accompagne on travaille de plus en plus sur des solutions très ciblées répondant à un besoin précis et à la maturité de leur entreprise et de leurs cibles.

Ces derniers mois j’ai beaucoup accompagné sur des démarches vers les professionnels de santé et cela me semble essentiel. Il est très compliqué de lancer des solutions digitales vers, ou via, les professionnels de santé tant que leur maturité sur le sujet est aussi basse et hétérogène.

Beaucoup d’acteurs s’y mettent et cela me semble très important. J’interviens régulièrement lors de symposium médecins sur des sujets e-santé ou des programmes que j’appelle « Pathologie 2.0 ». Jai déjà exploré des thèmes comme Oncologie 2.0, Diabète 2.0, Psoriasis 2.0, SEP 2.0 ou les RIC.. à chaque fois j’apprends plein de choses des échanges avec les médecins tant hospitaliers que de ville et je vois combien ils sont curieux et en attente sur ces sujets.

J’ai appris de 10 ans à travailler dans une culture japonaise un dicton qui va très bien à la e santé :

« Quand tu vas dans un village, vis comme les villageois ».

Ce que je veux dire par là c’est que s’agissant de e-santé il faut que les acteurs adoptent les codes de la santé. La compliance bien sur, mais aussi le besoin de preuves et l’évaluation des solutions qui seront mises en place avec un très haut niveau d’exigence pour les accompagner.

Chacun pense ce qu’il veut de la pharma mais travailler dans un cadre réglementaire aussi strict et sur des produits aussi spécifiques est formateur. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre ça.

Mais si nous voulons que la santé digitale avance il faut répondre aux besoins et aux usages des utilisateurs, des patients.

Il faut revoir complètement la culture des entreprises de santé, être plus orienté client et « designer » nos solutions pour et avec les utilisateurs.

C’est en cela que les big tech ont l’avantage, c’est dans leur ADN.

Concernant le cas spécifique de la France je pense que nous disposons d’un système précieux mais souffrons d’un mal majeur…le cloisonnement.

Je pense souvent à Alice au pays des merveilles quand je parle e-santé en France. :

« Vous voulez que je vous l’explique en plus compliqué ? »

Le mal Français est là. Mais nous avons de grands talents, de belles entreprises, des startups prometteuses.. .Il faut dans notre domaine aussi un choc de simplification.

A bon entendeur.

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Les prochaines dates de Lionel :

  • 07 Mars : TedX Istec, keynote dans la tendance « La médecine des immortels »
  • 13 Mars : Journée de la Femme digitale, organisation et animation d’une table ronde sur « 2015, année du Uber de la santé ? »
  • 19 Mars : Matinée organisée par l’Atelier BNP Paribas, participation à la table ronde »Médecine prédictive : le soignant doit-il devenir un data scientist? »
  • 20 Mars : DII L’Industrie Pharma à l’ère digitale, intervention sur le thème : Nouveaux acteurs de la santé prédictive et de l’exploitation des données, les GAFAMS : concurrents ou partenaires ?
  • 21 Mars : Pharmagora, e-santé et les opportunités pour le pharmacien d’officine – keynote avec Umanlife et iHealth
  • 27/29 Mars : Hackathon e-santé – 48h pour innover au service des patients BeMyApp- NOVARTIS, membre du jury
  • 7 Avril : CCM Benchmark e-Santé 2015 – Nouvelles stratégies digitales – Introduction et animation de la table ronde « E-Santé et transformation digitales : les nouveaux enjeux »

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