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A la découverte de MyVictories

par Rémy Teston

Régulièrement, je vous propose de partir à la rencontre d’un acteur du digital santé en France.

Aujourd’hui, partons à la rencontre de Jean-François Ramadier, co-fondateur de Healthme, qui a lancé la plateforme collaborative MyVictories.

Bonjour Jean-François. Peux-tu te présenter brièvement ?

JF-RamadierBonjour Remy. Merci de ton invitation. Après plus de 10 ans passés dans le consulting en relation clients, j’ai découvert le monde de la santé en créant une première société pour développer des modèles statistiques d’optimisation de la force de vente dans le secteur de la pharma. C’est en découvrant l’univers médical, et plus particulièrement l’exercice au quotidien des médecins, que nous avons décidé de créer Healthme en 2010 pour répondre aux besoins de collaboration sur Internet entre professionnels de santé.

La culture digitale fait partie de mon ADN avec une formation d’ingénieur dans les systèmes experts. Je crois que les technologies digitales (web, mobile, objets connectés) ont la capacité aujourd’hui à transformer profondément l’univers de la santé. Healthme se positionne sur ces transformations en développant des plateformes qui aident les médecins et les patients à une meilleure prise en charge des pathologies, et plus globalement à une meilleure qualité de vie des patients.

En 2010, tu as participé à la création de la société Healthme, qui propose notamment des plateformes collaboratives pour professionnels de santé. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Healthme a démarré son activité en développant des communautés digitales exclusivement réservées aux professionnels de santé. Nous avons commencé dès 2011 avec une communauté en psychiatrie (MyPsynk), puis nous avons progressivement lancé d’autres communautés pour couvrir aujourd’hui une dizaine de spécialités. Ces communautés proposent aux professionnels de santé de partager leur expérience clinique et de coopérer sur des problématiques de prise en charge de leurs patients. Par exemple, les membres de nos communautés qui assistent à des congrès publient des comptes-rendus pour les partager avec leurs confrères. Autre exemple, les sociétés savantes organisent des web conferences directement sur notre plateforme. Nous ne couvrons pas encore toutes les spécialités mais nous avons déjà plus de 10.000 membres, avec un taux de couverture de plus de 50% sur certaines d’entre elles.

Enfin, nous lancerons en septembre une toute nouvelle version de ces communautés de professionnels de santé avec de nouveaux services.

Lors des Trophées de la e-santé au cours de l’Université d’été de la e-santé, votre plateforme MyVictories a été primée. Habitué à développer des plateformes pour les professionnels de santé, comment est né ce projet destiné aux patients ?

Fort de notre expérience de plateforme communautaire en santé, l’idée de développer un service pour les personnes atteintes de maladie chronique nous est venue assez logiquement et dans le prolongement de notre activité. 15 millions de personnes vivent en France avec une maladie chronique comme le diabète, la fibromyalgie, la sclérose en plaques … et plus de la moitié d’entre elles éprouvent des difficultés dans leur vie quotidienne. C’est ainsi que nous avons commencé à travailler fin 2013 à ce projet qui nous tenait à cœur. Très vite, nous avons mené notre réflexion sur ces « petites » victoires sur la maladie obtenues par les patients eux-mêmes. Ca nous semblait essentiel de les valoriser. C’est de plus une très belle leçon de vie. Ces victoires ont donc inspiré le nom de la plateforme qui a été lancée en octobre 2014. L’objectif de MyVictories est d’aider les personnes atteintes de maladie chronique à relever leurs défis quotidiens pour mieux vivre avec la maladie …et pour gagner de nouvelles victoires.

MyVictories

Quelles sont les principales fonctionnalités et les grandes évolutions à venir de cette plateforme ?

MyVictories se présente comme un journal de bord sur lequel les membres de MyVictories s’encouragent sur leurs défis ou leurs projets, partagent leur expérience de vie afin d’échanger et de trouver des conseils et suivent leurs indicateurs de santé et d’activité de façon à contrôler leur maladie. Pour les membres équipés d’objets connectés, MyVictories récupère automatiquement les données de mesure pour alimenter leurs indicateurs.

Les membres peuvent partager avec leur médecin un tableau de bord avec l’évolution de leurs indicateurs de santé et d’activité.

Prochainement, ils pourront suivre des recommandations pour améliorer leur qualité de vie en les aidant par exemple à mieux gérer leur alimentation, leur sommeil ou leur stress. Nous travaillons sur des algorithmes pour proposer des recommandations personnalisées et adaptées à leur mode de vie. Cela fait partie de la prochaine grande évolution de la plateforme.

MyVictories a été conçu en responsive design de manière donc à offrir la même expérience d’utilisation quel que soit le support (smartphone, tablette ou ordinateur). Une application mobile sur iOs et Android est aussi en cours de développement.

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Aujourd’hui il existe différentes plateformes communautaires de patients. Qu’est-ce qui différencie MyVictories ?

Il existe en effet déjà d’autres plateformes. Sur MyVictories, la dimension sociale et humaine autour des défis à relever par les patients est un point de différenciation important. Parce que la maladie ce n’est pas seulement un taux de glycémie par exemple ou un traitement à suivre, ce sont aussi des répercussions sur la vie quotidienne et une acceptation de ces conséquences plus ou moins facile. C’est pourquoi nous avons centré MyVictories sur les défis et les petites (ou grandes) victoires du quotidien. C’est en essayant de positiver la maladie et de se dépasser que chacun pourra mieux vivre avec. Cette notion de dépassement de soi et de la maladie est l’essence même de MyVictories et de sa différenciation des autres plateformes.

La plateforme propose aussi un nombre important d’indicateurs de santé et d’activité à suivre. De plus, MyVictories est focalisé sur toutes les maladies chroniques. La plateforme n’est d’ailleurs pas organisée en communauté par pathologie. Il n’y a qu’une seule communauté qui réunit tous les membres.

Par ailleurs, nous nous engageons à ce que les données ajoutées par les membres ne soient jamais revendues, même anonymisées. Nous n’effectuons aucune enquête ou autres opérations promotionnelles auprès de nos membres pour le compte de tiers.

Observateur du digital santé depuis de nombreuses années, comment vois-tu évoluer l’e-santé dans les années à venir en France ?

L’e-santé représente un champ d’investigation très vaste, et concerne tous les acteurs de santé. De mon point de vue, c’est un changement de paradigme porté par un patient qui aura de plus en plus de leviers sur les déterminants de sa santé. Les leviers ne sont plus du seul ressort de la médecine. Le patient est donc au cœur de ce changement, avec un médecin qui devra l’accompagner. Il en sera d’ailleurs un des principaux moteurs. La simplicité aujourd’hui des technologies permet de développer des plateformes qui fournissent ces leviers aux patients.

Grâce à l’e-santé, on se dirige vers une médecine préventive, et prédictive à plus long terme,  pour rester en bonne santé ou éviter des complications de santé. Il reste cependant un long chemin à parcourir. L’analyse des données de santé des patients issue de ces plateformes représente un défi pour y arriver. C’est l’enjeu important des prochaines années.

Enfin, le financement des projets de e-santé est un frein aujourd’hui à leur développement. Les sociétés qui y travaillent sont clairement sous-capitalisées (surtout en France), à l’exception des grands acteurs mondiaux du digital comme Google ou Apple qui y mènent aussi des projets. Cela le restera tant que les business models de ces plateformes ne seront pas mieux établis au regard des besoins d’investissements qui sont élevés (notamment avec l’analyse des données de santé). Entre un financement par la collectivité, par les entreprises (pour les salariés), par les mutuelles/assureurs ou par les patients directement, plusieurs business models sont possibles. Tout est envisageable !

Pour aller plus loin : myvictories.me / healthme.fr / @healthme

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